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Ta différence

12795095_10153312037682330_8481045326899104305_oJe sais, je devrais l’embrasser, l’aimer, la chérir.  Je sais, je devrais me dire grandie, dire qu’elle fait maintenant partie de nous, dire que je ne la changerais pour rien au monde. Je sais, je devrais être fière de ce qu’elle nous fait devenir, heureuse de la voir grandir chaque jour et me sentir privilégiée qu’elle se soit placée sur notre route… mais je ne peux pas. Cette différence qui t’est propre, je dois lui faire face chaque jour, mais je ne l’aime pas. Je sais que je devrais l’accepter, la voir de manière positive, mais cela ne m’est pas possible. Elle ne me remplit pas de colère, elle ne me crée pas de frustrations au quotidien, mais jamais je ne pourrai être heureuse qu’elle fasse partie de nos vies. Je devrais me dire que je ne la changerais pas pour rien au monde, et pourtant si demain le remède miracle existait, je le prendrais.

Puis un jour, il y a ce moment où je crois que je l’accepte, que je vis bien avec elle, qu’elle n’a pas d’impact sur mon humeur. Il y a cet instant où je ne pense pas à elle, où elle ne m’amène pas à me questionner. Il y a cette seconde où elle ne fait aucune différence dans ma vie. Si elle est là, c’est que tu es là. Si elle fait partie de ma vie, c’est que tu existes et qu’avec toi, la vie est tout simplement plus belle. Si elle me fait travailler si fort, c’est qu’à chaque jour j’ai la chance de voir ton beau sourire, tes yeux remplis de bonheur et sentir tes bras enlaçant mon cou.

Et j’ouvre la porte, ou l’ordinateur… un enfant beaucoup plus jeune que toi vient de faire ses premiers pas. Un bébé des plus petits a mis sa tête sous l’eau. Un enfant de ton âge a fait le plus gros casse-tête ou le plus merveilleux des dessins. Et la requête de la normalité me revient. Tu te dois de travailler si fort, bien plus fort que tous ces enfants, pour réussir une partie de ce qu’eux sont capables de faire… et cela me revient, comme un couteau au cœur, comme un souffle coupé, comme une larme qui réclame sa place… ta différence est là, elle existe et restera à sa manière sûrement tout au long de ta vie.

Et je me questionne, et je me sens mal, et j’entends d’autres parents parler et expliquer comment ils chérissent la différence de leur enfant. Je suis encore à me questionner comment vivre avec celle-ci, si un jour je serai en paix face à elle. Dois-je l’accepter tout simplement? Dois-je être fière qu’elle fasse partie de nos vies? Dois-je me promener main dans la main avec elle? Est-ce que trop demander à mon cœur de maman qui ne souhaite que le bonheur pour son enfant?

Aujourd’hui, je crois que oui. Je choisis d’accepter ma haine passagère, d’accepter de ne pas aimer cette différence, d’accepter de me battre contre elle… à tes côtés. Je me donne le droit d’en vouloir aux autres que ce soit si facile, de me sentir coupable qu’elle fasse partie de ta vie en grande partie à cause de moi… Crois-moi, j’aimerais tellement qu’elle ne me brise plus le coeur, mais je crois qu’elle me reflète chaque jour la culpabilité que je vis face à elle. Je choisis de cohabiter avec elle, mais de tout faire ce qui est en mon possible pour qu’elle disparaisse. Mais une chose que je choisis par-dessus tout, c’est qu’elle ne te définisse jamais. Tu ne seras jamais cette différence, mais je souhaite que tu restes pour toujours l’enfant le plus heureux du monde.

– Geneviève

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  • Johanne - merci… xxrépondreannulé

  • Bossier - Merci pour ce témoignage si juste à mes yeux … En le lisant j’avais le sentiment de lire ma vie, mon ressenti auprès de notre petite 3ème …répondreannulé

    • Geneviève - Je suis si heureuse que ce texte vous fasses du bien! Il m’en a fait beaucoup à l’écrire -Genevièverépondreannulé

    • bioteau - Texte qui me parle beaucoup mercirépondreannulé

      • Geneviève - C’est en partie pour cela qu’on écrit, pour rejoindre les gens. Merci, Genevièverépondreannulé

  • Martine - Merci pour ce texte. Merci d’exprimer tout haut, ce que nous, mamans d’enfants différents (et Ô combien adorables) pensons tout bas, gardons juste pour nous, parce que c’est mal de penser comme ça. On se crèverait quand même le coeur pour tout leur donner…on est une maman…mais c’est tellement difficile de vivre et d’accepter cette différence. Tu as le droit d’en vouloir aux autres, secrètement. Je le fais. Mais tu n’as pas le droit de te culpabiliser. Ton enfant est comme ça, et c’est tout. Après tout, chaque personne est unique, différente. Alors…ton enfant, il est différent, c’est normal. En plus, ils sont si attachants.
    Courage XxxxOxxXrépondreannulé

    • Geneviève - Merci Martine, contente que ce texte ait pu vous rejoindre aussi. Effectivement il n’est pas facile de dire à haute voix qu’on n’accepte pas tout… tout simplement. Rien de change face à l’amour incroyable que nous avons face à nos enfants. Je vous envoi mes plus douces pensées! – Genevièverépondreannulé

  • Audrey Simard - Merci pour ce beau témoignage….c’est vraiment la même sensation pour moirépondreannulé

    • Geneviève - Merci beaucoup. Contente que vous ayez pu vous retrouver à travers mes mots. -Genevièverépondreannulé

  • Valérie - Mercirépondreannulé

  • Isabelle Bessette Pinet - Juste wow… c’est bien trop vrai. J’ai une fille de 8 ans qui a une maladie dégénérative qui s’appelle l’Ataxie de Friedreich. Je suis une personne de nature positive et très résiliente mais y’a toujours quelque chose qui frappe en plein coeur pour me rappeler que la vie nous a foutu un fichu de gros défi sur notre route. Moi aussi, si le miracle arrivait, et qu’On pouvait la guérir, je le prendrai illico.répondreannulé

    • Geneviève - Je vous envoi toutes mes plus belles et douces pensées à vous, à votre fille, à votre famille. Je crois que si le miracle était là… nous serions quelques uns en liste ;)!répondreannulé

  • Denise Charette - Très beau texte!pour moi la différence m’a apporté unegrande peine dans ma vie mais aujourd’hui 31 ans plus tard je peux dire que c’est ma plus grande fierté !quand je regarde mon beau grand garçon je sais que c’est un grand bonheur pour moi de l’avoir dans ma vie!répondreannulé

    • Geneviève - Merci Denise pour ce partage! Mon petit garçon est encore jeune, on me dit que le temps aide à accepter et apprécier… je souhaite être au même point que vous d’ici quelques années! -Genevièverépondreannulé

  • Mathieu - Tellement vrai et bien dit! Je me rends compte qu’en parlant de différence avant de penser à mon fils défunt, j’ai pensé à la mienne et ces questions viennent à être poser lenplus souvent face à la réaction des autres. Si autour de nous, personne ne faisait la différence, celle-ci serait moins difficile à porter. De plus cette difference n’est pas un choix, l’acceptation est le plus grand pas vers l’épanouissement et la réduction à l’echelle de passages ces moment de colères! Merxi pour cette publication! Salutations ensoleillées de la Martinique!répondreannulé

  • Lucie Martel - Vous avez parfaitement compris ! Détester cette différence tout en aimant l’enfant qui a cette différence et ne surtout jamais la laisser la définir. Et il n’y a pas à être coupable. Si vous aviez su, jamais vous n’auriez choisi cette différence. Qui peut souhaiter une différence à son enfant ?! J’ai été une enfant différente et je peux vous assurer qu’aujourd’hui adulte je déteste encore cette différence. Je compose avec, je l’accepte mais je ne l’aime pas. Ce qui ne m’a pas empêché de vivre ma vie, de m’aimer, ni d’avoir des enfants.répondreannulé

    • Geneviève - Vous êtes si belle à lire Lucie! Merci énormément pour votre commentaire. Il y a des journées où vivre avec elle est si facile et d’autres ou la réalité rattrape et que pouvoir je la mettrais dehors avec rage. Mon fils est encore jeune et ne remarque pas trop, reste à voir comment cela sera lorsqu’il grandira.
      Merci encore pour votre mot!
      Genevièverépondreannulé