Je suis personne » C'est notre histoire à nous, nos pensées, notre vie.

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Et si on adoptait?

Adolescente, je me souviens avoir dit qu’un jour j’aimerais adopter un enfant. Je ne connaissais pas grand-chose à cette aventure, ni ce que la vie me réservait, mais je pense qu’à cette époque je trouvais ça beau tout simplement. C’était un souhait parmi tant d’autres, dans la même veine que celui de me marier au prince charmant et de vivre vieille. Un vœu lancé dans l’univers par une gamine de 16 ans… que les étoiles ont entendu des années plus tard.

Nous étions couchés sur la plage à regarder les étoiles briller, ma tête dans le creux de son épaule, quand j’ai dit à mon mari : « Et si on adoptait? » Cette si petite, mais si grande question à la fois, a ouvert une longue discussion. En temps normal mon amoureux ne jase pas beaucoup, mais ce soir-là c’était différent. Nous avons beaucoup parlé de nous et des personnes que nous devenions  depuis le décès de nos deux enfants. Les tempêtes que nos cœurs avaient traversées avaient laissé des traces. Nous apprenions doucement à apprivoiser un peu plus chaque jour la couleur de notre vie qui n’était plus la même, et on s’accrochait à cette promesse que nous avions faite à nos enfants. Celle de donner un sens à notre histoire en choisissant d’avoir la plus belle vie qui soit. Nous souhaitions d’autres enfants biologiques et aucun problème mécanique ne nous obligeait à prendre la route de l’adoption, mais rien ne nous l’interdisait non plus. Les épreuves des dernières années nous avaient enseigné qu’un parent c’est celui qui porte son enfant dans son cœur, qui l’aide à grandir et à s’épanouir, qui lui tient la main quand il a peur, qui l’accompagne dans le doute et qui le guide tel un phare quand les vagues de l’océan fracassent sa petite barque. Le temps nous a appris à composer avec une histoire de famille différente, qui est devenue la nôtre. Il y a une similitude avec notre vécu et celui de cet enfant adopté qui devra apprendre à s’adapter à son histoire dans toute sa vérité. Elle sera différente j’en conviens… mais nous sommes la preuve vivante que chaque histoire, dans son unicité, peut être belle malgré tout! Et si notre parcours nous amenait à décider, par amour pour la vie, de choisir ce chemin en agrandissant notre famille à travers un processus de dévouement, d’amour immuable et de compréhension plutôt qu’en utilisant la biologie? Bien qu’il nous fût impossible de le voir lorsque nous étions en deuil, nous réalisions des années plus tard que nos enfants nous avaient laissé un héritage d’une grande valeur. Les outils pour accompagner un petit trésor qui arriverait parmi nous avec son baluchon de vie sur l’épaule déjà bien rempli. Parce que nous sommes peut-être les parents qu’un enfant adopté a besoin. Et si les détours et les virages que la vie nous avait fait prendre, nous avaient fait grandir pour nous amener à un endroit où nous ne serions peut-être jamais allés? Je l’entendais réfléchir en silence… puis il m’a regardé avec une étincelle dans les yeux, et il m’a répondu : « C’est oui! Nous allons adopter. » Et c’est comme ça que nos cœurs se sont tournés vers la Corée du Sud… il y a presque cinq ans maintenant.

En 2012, alors que notre nom se retrouvait quelque part sur une liste d’intérêt (entremêlé à celui de plusieurs autres couples), un petit bout de vie (100% bio) est arrivé dans la nôtre. Il y avait l’attente… mais il y avait aussi ce bonheur quotidien d’être parent qui nous ramenait au moment présent et au privilège de voir grandir un petit être encore plus magnifique que ce qu’on aurait pu espérer. Mais une grossesse du coeur c’est long (très long !) et nous n’avions pas d’autre choix que celui de s’armer de patience et d’amour. Les mois passèrent et nous étions toujours convaincus que notre famille s’agrandirait un jour et que ce prochain enfant serait adopté… on ne savait juste pas quand.

Crédit photo: Esther Campeau

Crédit photo: Esther Campeau

C’est lorsque notre fils avait un peu plus de deux ans, que le téléphone a enfin sonné ! Ce projet tant espéré se concrétisait enfin et l’aventure était officiellement lancée. On avait une petite idée de ce qui nous attendait… mais le vivre, c’était une autre histoire. Notre dossier d’adoption c’était : une évaluation psychosociale, des tests de personnalité, des évaluations psychologiques, des examens médicaux, des lettres de recommandations de l’entourage, des photos de nous et de notre environnement, un bilan de notre situation financière et plusieurs autres documents traduits et assermentés. C’est réunir tous ces beaux papiers, qui expliquent un peu d’où on vient et qui nous sommes, dans une belle grande enveloppe pleine d’espoir et attendre. Attendre que l’on accepte notre candidature comme parents adoptant, mais surtout, attendre d’être la famille qu’un enfant a besoin. Souhaiter devenir des parents adoptifs, c’est choisir de s’ouvrir en toute honnêteté et franchise sur notre bagage de vie qui fait de nous qui nous sommes. C’est mettre sur table d’où on vient, sans filtre ni dentelle, et collaborer avec ouverture aux différentes évaluations qui permettront de déterminer si nous avons les capacités parentales pour adopter un enfant. Mais surtout, de confirmer que nous serions la bonne famille adoptive pour cet enfant. Souhaiter tomber enceinte, c’est vouloir un enfant. En adopter un, c’est être la famille que cet enfant a besoin… et ça, il ne faut jamais l’oublier.

Une fois notre dossier finalisé et acheminé en Corée, c’est là que l’attente a vraiment débuté et que l’horloge a commencé à tourner. Une attente tellement différente, magique à sa façon, mais si difficile à la fois. J’ai dû apprendre à concilier avec l’incertitude et le lâcher prise liés à ce processus. À partir de ce moment, plus rien ne nous appartenait. On nous avait dit de se préparer puisqu’il était possible que nous recevions une proposition très rapidement… en l’espace de quelques semaines même! Wow! Comment pouvions-nous demander mieux?! Nous étions plus que prêts. Malheureusement, l’attente qui devait se compter en semaines s’est transformée en mois… L’été s’est terminé et les feuilles ont commencés à changer de couleur. Alors que d’autres familles avaient le bonheur d’accepter une proposition d’enfant (en l’espace de quelques semaines, les chanceux!), nous, nous devions patienter encore un peu plus,  puisque nous demeurions toujours sans nouvelle de notre futur bébé. À chaque journée qui passait on avait espoir que le téléphone se fasse entendre, et comme il sonne rarement chez nous… vous auriez dû nous voir se précipiter pour répondre avant même que le premier driiiiinnnnng ait le temps de finir ! Pendant six longs mois j’ai téléphoné à la maison au moins 2 fois par jour pour vérifier si l’agence n’avait pas laissé un message sur notre boite vocale, j’ai passé des nuits blanches à me demander où en était notre demande et j’ai essayé de tout mon cœur de penser à autre chose en me changeant les idées, mais j’en étais incapable. Je pensais souvent à cet enfant. Était-il né ? Je ne le savais même pas. Mais je peux vous dire avec certitude que lorsqu’on souhaite adopter un enfant, on le porte dans notre cœur avant même de le connaître et on l’espère un peu plus fort chaque jour. Je me suis accrochée à ce rêve et au sourire qu’aurait de ce petit trésor (en fille ou en garçon : le sexe était le dernier de nos soucis) et devant toute cette impuissance, j’ai prié les étoiles pour qu’elles guident notre chemin jusqu’à cet enfant.

Un lundi après-midi, alors qu’on profitait de la journée fériée pour faire une sieste familiale fiston et moi, le téléphone a sonné. Je me suis ouvert les yeux en quatrième vitesse, j’ai étiré mon bras pour rejoindre le combiné et j’ai vu sur l’afficheur ce que j’espérais voir depuis tellement longtemps ! De par le timbre de sa voix, je savais que l’agence d’adoption avait de bonnes nouvelles pour nous… Mais en toute confidentialité, je vous dirais que j’ai quand même gardé les doigts croisés question de ne pas prendre de chance! Je courrais dans la maison, le téléphone à l’oreille, à la recherche de mon mari afin que nous puissions être ensemble pour entendre la suite. Lorsqu’on a eu la confirmation que c’était bel et bien vrai, qu’une proposition venait d’être reçue pour notre famille, les larmes de joie, synonyme de bonheur et de soulagement, ont été automatiques. Moins de trente minutes plus tard, notre excitation et nous étions dans la voiture en direction de Montréal, afin de rencontrer en photo celui qui deviendrait notre fils.

Cette première rencontre en image, fut merveilleuse et d’une grande intensité. Du haut de ses six mois, de ses gros sourires et de ses petits yeux bridés, il nous a totalement charmés! En le voyant, nous avons compris que c’était ce petit garçon qui nous était destiné… Il aura fallu attendre tout ce temps, pour lui laisser le temps de naître tout simplement.

À suivre…

Mélanie

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  • Marielou - Quelle belle histoire!!!! J’espère un jour avoir la chance de te rencontrer et d’échanger avec toi. Et qui sait ce sera peut-être sur un autre continent?répondreannulé

    • Mélanie - Ce serait un grand bonheur pour moi également Marilou! Et qui sait… nos garçons auront peut-être le plaisir de s’amuser ensemble! 🙂 – Mélanierépondreannulé

  • Fille ou garçon? Sorry, mais c’est pas toi qui choisis ! » Je suis personne - […] une autre fille, voudraient-ils quand même de ce troisième enfant ? Quand on a reçu la proposition d’adoption de notre petit bébé de Corée, plusieurs personnes nous ont demandé si on aurait pas mieux aimé une fille vu qu’on avait […]répondreannulé

  • Une grossesse de cœur… c’est long! » Je suis personne - […] Le processus a débuté il y a plusieurs années. Mais depuis que nous avons fait ta rencontre en image il y a 10 mois maintenant, l’attente nous parait sans fin. Pendant que tu continues de grandir semaine après semaine, moi je prie le ciel pour que les étoiles s’alignent enfin. J’espère cet appel nous annonçant que notre tour est venu et que cette première rencontre plus qu’attendue aura lieu. Mais le téléphone est muet. On se console en regardant en boucle les dernières photos reçues, celle de ton premier anniversaire, et on connait par cœur chacun des vidéos. Ca nous aide à patienter c’est certain. Mais nous ce qu’on veut, c’est vivre le quotidien avec toi et te faire découvrir notre famille… celle qui deviendra la tienne. […]répondreannulé

  • Tu seras grand frère » Je suis personne - […] Quand ton papa et moi avons voulu adopter un enfant, on savait que nos cœurs de parents ne feraient aucune distinction entre l’adoption et la biologie. Et de voir que c’est pareil pour toi, ça me rend confiante pour la suite de votre relation. Rien ne sera parfait et il y aura certainement des disputes. Mais tu sais quoi? Ce sera tant mieux. Ça vous apprendra à résoudre des problèmes et faire des compromis. Et au-delà de vos chamailleries, il y aura certainement une solidarité lorsque vous unirai vos forces pour faire les 400 cents mauvais coups. Une chose est sûre, vous serez unique l’un pour l’autre et votre relation vous appartiendra. Mais mon coeur de mère vous souhaite une complicité naturelle et un amour inconditionnel. […]répondreannulé