La chaise berçante

Samedi dernier j’ai assisté aux funérailles du frère de ma mère. Mon oncle en fait. Je vous rassure tout de suite, je ne suis pas en deuil. Il faut comprendre que mes grands-parents maternels ont eu onze enfants. Ma mère étant la dixième de la famille, ça fait en sorte que j’ai des cousins/cousines qui ont l’âge d’être mes parents. Bref, je me suis rendue à la cérémonie par respect pour ma mère, mais surtout pour la conjointe et les enfants de mon oncle. Je crois aux bienfaits des funérailles dans le processus de deuil. Une sorte de passage obligé et une façon naturelle de dire aurevoir. En écoutant les différents témoignages, j’ai appris à connaitre un peu plus cet oncle que je ne voyais qu’à l’occasion dans les réunions de famille. Malgré les larmes de ses proches, j’en ai conclu qu’il a eu une belle vie et qu’il était apprécié de sa famille. Même si je ne le connaissais qu’en apparence, je ne vous cacherai pas que de me retrouver à cet endroit m’ébranle toujours un peu. Un peu beaucoup, même. Cette confrontation face à la mort et cette incertitude qui nous accompagne à chaque jour, me fait réaliser une fois de plus que la vie n’est pas éternelle. C’est peut-être l’âge adulte qui me rend un tantinet philosophe, mais cette fois-ci il y a quelque chose de plus grand qui a envahi mon esprit. Lorsque mon tour viendra, est-ce que j’aurai la certitude d’avoir eu une belle vie?

J’ai quitté les funérailles et sur le chemin du retour je me suis mise à méditer. Je sais, ça peut paraître morbide de penser au jour où nous serons dans le dernier droit, mais je crois qu’il est sain de se questionner. À mon avis, ça nous donne la chance de réajuster le tir avant qu’il soit trop tard. Trop souvent la vie nous entraîne dans un grand tourbillon qu’on appelle communément: le quotidien.  Les choses vont vites, beaucoup trop vite. Et c’est facile de perdre de vue nos rêves, nos buts, nos désirs. On oublie volontairement ou on reporte trop souvent à plus tard en prétextant que ce n’est pas le bon moment. On se dit qu’on aura plus temps quand les enfants vieilliront ou pire encore, lorsqu’on sera à la retraite. Mais est-ce que retraite il y aura? Dans ma tête c’est inconcevable de croire que dans l’intermédiaire, on se force à accepter une vie beige qui ressemble à un mardi soir. J’apprivoise depuis les dernières années, l’incertitude qui fait partie de la vie mais j’ai aussi choisi de refuser la monotonie. Je suis convaincue qu’il faut brasser les cartes et se questionner sur le futur car nous avons un rôle à jouer pour la suite. Parce qu’en fait, une partie de cette vie est celle que l’on choisit.

C’est une impasse, nous ne pourrons y échapper. Nous allons tous mourir puisque la route est sans issue. Bien que la vie soit fragile, et croyez-moi je le sais, je n’ai pas cette urgence de vivre comme si j’allais mourir demain. Je ne crois pas avoir peur de la mort non plus. Mais ce qui m’angoisse quand j’y pense, c’est d’arriver au bout du chemin en ayant le regret d’avoir passé à côté de quelque chose. Je m’imagine vieillir heureuse, entourée et aimée… mais cette finalité, il faut la semer et l’entretenir aujourd’hui pour la récolter plus tard. C’est pourquoi, je m’oblige à prendre des décisions régulières qui vont dans ce sens. Quand la sécurité et le confort m’empêchent de sortir de mes pantoufles de béton, je ferme les yeux et je me m’imagine âgée, assise dans une chaise berçante à raconter ma vie à mes petits-enfants. Et je me demande ce que j’aimerais leur dire au juste… Quel souvenir de moi, j’aimerais qu’ils chérissent? De quoi seraient-ils fiers? J’appelle cela mon test de «La chaise berçante». Cette réflexion qui me projette dans le futur, m’aide souvent à faire des choix de vie et à prendre une route plutôt qu’une autre. Et quand j’ai la vive conviction d’être au bon endroit, disons que ça me rassure et la suite me fait un peu moins peur.

Toi mon oncle, tu en penses quoi de ta vie?

Et vous chers lecteurs, votre test de «La chaise berçante» il dirait quoi? Croyez-vous que des changements dans votre vie seraient nécessaires présentement? Avez-vous la conviction d’être au bon endroit? J’ai hâte de lire vos réponses…

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