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Une p’tite dose d’humilité

Dans le temps des fêtes ce qu’on retient souvent c’est le partage. Les campagnes de financement pleuvent de gauche à droite, d’en haut jusqu’en bas. Donnez pour les enfants malades, pour les itinérants, pour les mamans monoparentales. C’est pas normal de souffrir et d’être seul à Noël. Toutes les causes sont bonnes alors nous donnons généreusement aux plus démunis.

Je viens d’une famille qui a bûché fort dans la vie pour avoir ce qu’elle a. Chez moi dans le temps des fêtes, la coutume était : un torrent de cadeaux pour tout l’monde et de la bouffe pour une armée. Ce que Noël voulait dire c’était l’abondance, le partage et la générosité +++! Alors lorsque j’ai acheté mon premier condo et que je suis partie de chez mes parents,  j’ai décidé de commencer ma tradition à moi. Chaque année je téléphonais à ma paroisse et je demandais si une famille s’était manifestée afin de recevoir un panier de Noël. Je prenais plaisir à choisir chaque item pour essayer de satisfaire les besoins des gens que je ne connaissais pas. Je voulais essayer de mettre un baume sur la peine et la misère que ces inconnus vivaient. Dans ma vie je reçois beaucoup alors il est normal de redonner. Je me faisais même une joie de pouvoir aider quelqu’un. On dirait que ce geste faisait naître en moi un certain sentiment de réconfort. Je me sentais utile et je ne voyais que la beauté de la chose… Qu’est-ce que j’étais naïve!

Quelques années plus tard j’ai connu à mon tour des temps plus durs. J’ai vécu l’autre côté de la médaille. T’sais celle qui n’est pas fait d’or et que tu ne souhaites pas montrer. Ce sont des instants de ma vie que j’apprécie aujourd’hui car ils m’ont donné une vision complètement différente des choses. J’ai appris et j’ai grandi à travers cette étape… mais ouf, que je ne voudrais pas la revivre. Recevoir un panier de Noël n’est pas une partie de plaisir. Personne n’est à l’abri d’un deuil ou de la perte d’un emploi. Pour ma part, c’est la maladie qui m’a tiré au plus bas de ma fierté. En fait, mon état de santé était plus que moche. J’ai dû rester alitée pendant des mois. Je ne pouvais tout simplement pas me lever de mon lit plus d’une heure par jour. Heureusement dans toute cette malchance, mon amoureux a pris soin de moi. Tellement qu’il a dû cesser de travailler et ce, à ses frais. Alors imaginez un peu le trou dans le budget! Moi, je suis maman à la maison et nous avons deux enfants à nourrir. Mettons que notre petit coussin gardé précieusement de côté pour les moments difficiles a été grugé plus vite que prévu!

C’est vers la mi-décembre qu’une amie est venue me visiter. Elle s’est rendu compte de ma situation lorsqu’elle a ouvert mon frigo pour donner une collation à mes filles. Il y avait quelques fruits et légumes, des condiments et un pot de lait. Sans rien me dire elle a coupé des quartiers de pommes puis  nous avons jasé de tout et de rien. Quelques jours plus tard, j’ai reçu l’appel « coup d’poing sur la gueule »! Celui de la police de Terrebonne qui m’offrait des denrées. Ah-ta-boy! Là je peux assurément dire que j’ai pris une débarque. Mon cœur a fait 3 tours et il a serré tellement fort dans ma poitrine que j’en ai fait un malaise! J’ai eu mal à mon âme. Faut dire que mon plus grand défaut est d’être orgueilleuse. Alors voyez-vous le topo? Tellement que même ma famille ne savait pas. Mon amie a su voir, au-delà de mon éternel sourire, un appel à l’aide que j’n’aurais jamais avoué! Noël approchait à grand pas et je ne pouvais pas offrir à mes enfants une fête digne de ce que ça symbolisait pour moi. La honte m’avait envahi et avait effacé toute trace de joie que cet événement représentait à mes yeux. J’aurais voulu exorciser toute la colère et la peine que je ressentais à l’intérieur de moi mais rien ne sortait. Étonnement, j’étais plutôt émue de voir l’aide qu’on pouvait obtenir alors que le besoin se faisait vraiment sentir. Je tiens à vous rassurer que mes enfants n’ont tout de même manqué de rien pendant cette difficile période. Elles avaient leurs trois repas par jour et leurs collations. Mais bon, moi je pesais 110 livres mouillée et c’n’était pas pour rien!

Je pense que c’est important d’en parler. Quand on touche le fond on a souvent l’impression d’être seul au monde alors qu’en fait, non. L’entraide fait partie de nos valeurs communautaires et nous avons beaucoup de chance de vivre dans une telle société. Cette année je fais un panier de Noël dans une toute autre optique. Je le fais de bonté d’cœur non pas dans le plaisir et l’enthousiasme, mais avec un sentiment plus fort d’empathie. Je souhaite que la personne qui recevra tout ça se sente soutenue. Je voudrais qu’elle sache qu’on peut s’en sortir et que cette situation n’est que temporaire. Avec compassion et dans la dignité.

Joyeuses fêtes à tous!

– Soleine

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