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Le jour où je t’ai dit au revoir

Comment t’expliquer tout ça? Comment faire pour formuler toute cette peine que j’ai ressentie et que je dois assumer quotidiennement. J’aimerais avoir les bons mots mais je ne crois pas qu’ils existent. J’essaierai de toutes mes forces et de tout mon amour envers toi. Car crois-moi, je t’aime. Dans mon souvenir le plus lointain, j’ai toujours voulu avoir des enfants. J’ai toujours su et cru que j’allais être une maman. Pour moi, rien n’était plus fort comme sentiment. Ma mère m’a inculqué des valeurs familiales très profondes et combien de fois elle nous a dit, à ma sœur et moi, que si elle n’avait pas eu d’enfants elle aurait raté sa vie? Je n’ai pas compté mais je savais trop bien qu’elle avait raison. Quand une femme a l’instinct maternel, c’est assez fort merci!

Un jour je suis tombée amoureuse, tu sais un coup de foudre solide. Un gros bang en pleine face alors que je ne m’y attendais vraiment pas. Sérieusement, avant que ce genre de situation m’arrive, bien je n’y croyais pas. C’était comme un genre de mythe, une histoire racontée dans les livres pour enfants. Un peu du style  « La belle au bois dormant » : elle le voit, il la regarde et pouf! La magie opère et ils sont full in love, ils vécurent heureux et s’aimeront éperdument… bla-bla-bla! Mais voilà que ça m’arrive. À moi? Il est l’homme de ma vie, je suis la femme de la sienne et voilà! C’était beaucoup trop intense pour que le conte de fée dure jusqu’à la fin des temps mais je pensais que c’était ça l’amour véritable. Au fil des semaines qui ont suivi, on a appris à se connaître. On voulait les mêmes choses, on avait une vision de la vie similaire, nos buts concordaient. C’est trop beau pour être vrai. Un mot me vient en tête : effectivement! J’ai découvert au cours des mois suivants que cet homme était mauvais. Une personne affreuse. Il m’a fait des choses horribles. La pire de toutes est qu’il m’a fait miroiter tel un mirage, une vie inespérée que j’ai touché du bout des doigts. Celle-ci a éclaté en morceaux en quelques heures. J’étais enceinte de toi et il m’a fait croire que c’était la plus belle chose qui pouvait arriver. La partie de l’histoire qui est la plus pathétique est qu’il m’a volé beaucoup d’argent et qu’il est parti sur un trip de cocaïne pendant une semaine. Quelle honte quand même! J’ai été si innocente. Je me suis sentie tellement stupide de n’avoir rien vu v’nir. Je ne veux surtout pas passer pour une victime mais toi si, tu l’es un peu.

Les jours suivants la nouvelle de ta présence en moi ont été d’une désolation sans nom. Il nous a abandonné et je n’ai pas pu le supporter. J’ai donc joué un peu à Dieu et j’ai décidé que tu n’aurais pas à subir un père tel que lui. J’ai décidé… C’est un poids très lourd et je le porterai sur mes épaules toute ma vie. On m’a dit qu’avec le temps, la peine et la douleur de ta disparition s’estomperaient. Les années filent. Pourtant tu es encore et toujours dans mes pensées. Je crois bien que ce sera ma pénitence. Ce regret me fait porter un regard trop triste envers moi-même. J’ai peur de me faire juger et je crains de ne jamais être en mesure de me pardonner. Ils disaient faux ces gens car le temps n’arrange pas les choses. Il a plutôt une emprise sur ma conscience et je crois que celle-ci ne sera jamais en paix.

Quand je t’ai dit au revoir je pensais vraiment faire ce qu’il y avait de mieux pour toi. Il faut que tu saches qu’il ne se passe pas une seule journée sans que je ne pense à toi. Je sais que c’est un peu malsain, mais parfois j’essaie d’imaginer à qui aurais-tu ressemblé? Un peu à moi, ta maman qui espérait tant ta présence depuis aussi loin que je me souvienne. Un peu à lui, qui m’a utilisé et qui a éteint en moi une parcelle de lumière. Lui qui a déchiré une partie de mon cœur qui sera avec toi jusqu’à l’infini. Ce qui est triste, c’est qu’il existera toujours un lien entre lui et moi. Car c’est inévitable, si je pense à toi je pense automatiquement à lui. J’ai fait un choix que j’essaie d’assumer mais le fait est que je traînerai toujours ce fardeau. J’ai besoin de te le dire. Je t’aime. J’espère que tu sauras me pardonner mais j’espère aussi trouver la force ainsi que le courage de le faire moi-même.

– Soleine

  • Catherine - Ouf…je ne me souviens que trop bien de cette période dans nos vies. Je te fais une confidence…je pense aussi à elle ou à lui très souvent lorsque je regarde mes petits enfants. Mais la vie est faite d’expériences parfois tristes et parfois extraordinaires. Celle-là fera éternellement partie de nos vie.
    Je t’aime ma grande, tu es une maman extra XXXrépondreannulé