Salut à toi, cher parent d’un enfant différent

Lorsque tu as su que tu allais avoir un enfant, tu as peut-être voulu connaître le sexe du bébé qui grandissait de jour en jour… ou peut-être pas. Chose certaine, tu souhaitais de tout coeur avoir un bébé en santé. C’est primordial, on veut tous ça, et le reste suivra son cours. Quand tu as reçu le diagnostic tel une tonne de brique sur tes épaules, tu as sûrement vécu une angoisse indescriptible. Peut-être que tu t’es dit pendant quelques secondes que tu ne pourrais juste pas. Que c’était trop pour toi et que ta vie ne serait pas ça. Puis tu t’es ressaisi. Bien sûr que tu vas faire ce qu’il faut pour ton enfant. C’est ta chair et ton sang. Maintenant, il grandit avec toi et grâce à toi. Avec sa famille, il est comblé d’amour et il est heureux. Un enfant, ça se contente de la base des choses! Mais plus le temps avance et plus l’idée germe dans ta tête. Tu te poses des questions sur son futur. On est fait comme ça nous les adultes, les parents. Nous nous inquiétons avec des yeux conscients et réalistes. L’état de santé et le développement physique de ton enfant sont des enjeux capitaux dans la façon que tu peux imaginer son avenir à lui. Je pense qu’il est légitime d’avoir certaines craintes.

J’aurais envie de te dire que ça va bien aller et que ton kid grandira dans un environnement sans jugement. Qu’il ne vivra pas cette gêne provenant des regards indiscrets que les gens « normaux » peuvent lancer. Les gens dévisagent et se posent tellement de questions quand ils voient quelqu’un de différent. Je comprends le sentiment, car je le vis aussi. Mon fauteuil roulant en impressionne plus d’un! C’est courant ces interrogations intrusives dans notre vie. Ça finit par devenir une habitude tellement ça arrive tous les jours. Ça devient régulier de se faire poser 56 000 questions. Mais parfois, on peut presque dire que c’est l’fun d’en recevoir, tu ne trouves pas? T’sais juste pour éduquer l’monde sur ce qu’on vit. Ben oui, on n’est pas ordinaire, pis? Ben oui, on fait les choses autrement, pis? J’aurais l’goût de te dire que ton enfant trouvera l’amour facilement et sans préjugé. Que lorsqu’il dira au monde entier qu’il voudra réaliser ses rêves quels qu’ils soient, il ne se fera pas décourager par son entourage ou même par ses amis les plus proches. Bref… J’aurais aussi le goût de te dire qu’avec beaucoup de volonté, il pourra tout affronter.  Mais tout ça, ce serait te mentir un peu… juste un peu.

Moi aussi j’ai été un enfant différent. Quand j’ai eu cet accident et qu’on m’a présenté mon fauteuil roulant, j’ai presque ri en le voyant. Je disais que non, moi je ne me promènerai jamais là-dedans! J’avais une fierté quand même! Je trouvais ça anormal quasi disgracieux. J’étais de celles qui avaient déjà probablement regardé une personne souffrant de handicap avec cet air que je haïs tant aujourd’hui. On ne connaissait personne dans notre entourage avec une différence alors l’inconnu provoque de drôles de réactions. J’ai eu mon lot, si tu savais le nombre de gens qui ont essayé de me décourager avec tous mes projets de vie! Mais au fond de moi, je savais que je pouvais tout faire malgré leurs commentaires désobligeants. Je me dis aujourd’hui, qu’ils avaient seulement peur pour moi. Ou bien je crois qu’ils ne se voyaient juste pas à ma place. Souvent, les gens font de la projection du genre : « Moi je serais incapable… ben pourquoi toi, handicapée tu le serais? » Voilà ce que certaines personnes pensent…

La vie est parsemée d’épreuves autant plus belles que dramatiques. Mais au final, j’ai envie de te dire que oui, avec toutes les belles valeurs de confiance en soi que tu lui inculqueras, il trouvera le bonheur. Car tout passe par nous. S’il est heureux avec lui-même, il aura la base. T’sais, il y a des gens « normaux » en santé qui ne seront jamais heureux juste parce qu’ils manquent d’estime de soi. Ils ont manqué de quoi? D’amour et d’attention, de stimulation du dépassement de soi, de bienveillance et d’encouragements? Je ne sais pas, mais ce que j’ai compris avec le temps, c’est que cette différence ne nous définit pas, mais notre bagage de vie oui! Aie foi, continue ta belle job de « SuperParents » et le reste suivra son cours.

– Soleine