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À toi, la fille qui s’oublie trop souvent depuis qu’elle a des enfants

Avoir ta famille juste à  toi, c’était ton rêve. T’as jamais vraiment eu besoin de te poser la question. Des enfants t’en voulais pis plus qu’un à part de ça. C’était viscéral et non négociable. T’as quand même attendu de trouver le bon partenaire de vie avant de mettre officiellement le projet bébé en branle. Y’avait pas rush. Pendant que tu attendais de consacrer tout ton temps à un enfant, tu le passais en t’investissant dans mille et un projets. T’étais accomplie comme femme, mais tu sentais que le sommet de la pyramide de Maslow tu ne l’atteindrais qu’une fois que tu serais maman.

Puis, par un beau dimanche matin, le petit trésor que tu portais précieusement depuis les neufs derniers mois a poussé son premier cri. Dès que tu l’as tenus dans tes bras, tu lui as aussitôt fait la promesse que maman serait toujours là. Sans trop le savoir et sans avoir rien demandé, il est rapidement devenu le centre de ton univers. Celui pour qui t’étais prête à bouger les planètes et réaligner les étoiles pour faire son bonheur. Parce que pour toi, c’était tout ce qui comptait.

Avec le temps, ta famille s’est agrandie et ton rôle de maman est vite devenu la pierre angulaire de ta vie. La grande majorité de ton temps, tu le consacres désormais à tes enfants. Tu ne peux tellement pas te plaindre. Tu as tout pour être heureuse. Tu te trouves chanceuse d’avoir une famille… celle que t’as si longtemps désirée. Mais comme pas mal toutes les mères, tu te mets une pression folle pour que tout soit parfait. Pour que personne ne manque de rien, que les enfants mangent bien, qu’ils ne passent pas trop de temps à la garderie ni devant la télé, qu’ils soient stimulés pas trop juste assez, qu’ils puissent être initiés à différents sports parce que c’est important de bouger, mais en même temps tu souhaites leur consacrer du temps de qualité parce que tu veux qu’ils sachent que t’es là pour eux. Faque avec tout ça, du temps pour toi… tu te dis qu’il n’y en a plus. T’essaye de te convaincre que tu n’en as pas vraiment besoin. Que ce n’est pas si nécessaire. Que la petite heure que tu prends une fois par semaine pour courir à l’épicerie sans enfant ou le cinq minutes de solitude que tu vis en t’enfermant dans la salle de bain quotidiennement… ça te convient parfaitement. Yeah Right!

T’es comme ça. Tu veux être la « Parfaite Maman » présente pour ses enfants et c’est tout à ton honneur. Tu sais à quel point c’est important une mère dans la vie d’un enfant. Tu veux tellement bien faire les choses. Tu ne veux rien rater et t’as l’impression que tu ne les vois jamais assez. Tu te sens cheap de les faire garder. Mais t’es tiraillée avec une envie folle de fuir la parentalité et de faire des choses d’adultes juste pour toi. T’as besoin de donner un break à ton cerveau de maman parce qu’il surchauffe présentement. Tes enfants tu les aimes d’amour et ils sont ce que tu as de pus précieux. Mais dernièrement, tu réalises que t’es souvent impatiente. T’as la mèche courte pis t’es un peu plus à boutte. À chaque fois tu te sens coupable de hausser le ton trop rapidement, mais tu sais que tu ne pourrais pas faire autrement parce que ta réserve de patience est dans le négatif depuis trop longtemps. T’es pas fière de le dire, mais y’a des jours où t’attends l’heure du dodo avec impatience, parce que tu rêves en secret du silence. Mais aussitôt qu’ils sont couchés, la culpabilité t’envahie et tu te blâmes de t’être énervée. On est mal faite de même, nous les mères.

Je suis désolée de te dire qu’en devenant maman, t’as aussi accouché de la culpabilité. Ça d’l’air que ça vient ensemble, juste après l’expulsion du placenta. C’est ce qui fait en sorte que dans ta tête y’a ben des choses que tu ne te permets pas. Ce n’est pas ton chum ni tes enfants qui t’en empêchent. C’est toi qui te censure. Et c’est comme ça que tranquillement, t’as commencé à t’oublier. Souvent. Puis pas mal tout le temps. Tes besoins sont classés dans le dernier tiroir, derrière une pile de priorités qui ne sont pas les tiennes. Pourtant, toi aussi t’es importante.

Faut que tu te déprogrammes ma belle. Je sais que ce n’est pas facile parce que tout ce que tu veux c’est le bonheur de tes enfants. Mais rappelle-toi que leur bonheur passe d’abord et avant tout par le tien. Alors prends du temps pour toi. Permet-toi un week-end de fille une fois de temps en temps, va magasiner sans rien acheter pour les enfants, inscris-toi à une activité un soir de semaine, prend congé d’la job et va passer la journée au Spa s’il le faut! Fais quelque chose juste pour toi. T’en a besoin. Tu ne seras pas une moins bonne mère pour autant.

Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Écoute, je te parle pis j’essaie de me convaincre en même temps. J’suis tellement pas un exemple à suivre, mais je travaille fort au quotidien pour trouver un équilibre. Un juste milieu entre mon coeur de maman et ma tête de femme qui a besoin de prendre du temps pour elle. Parfois pour me donner la permission, j’me répète que les enfants préfèrent avoir une maman patiente, souriante et ressourcée… qu’une maman fatiguée qui fait juste crier pour rien pis répéter à tout bout de champ. Mettons que ça aide à chasser la culpabilité. Après tout, une maman heureuse, ça fait des enfants heureux. Pas vrai?

Et toi petite maman, t’arrive à prendre du temps pour toi sans sentir la culpabilité te ronger par en dedans?

Mélanie