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Top 5 :  Questions maladroites que les parents adoptants entendent trop souvent

En novembre dernier, notre famille s’est agrandit avec l’arrivée de notre petit soleil de Corée. Je vous jure que cet enfant, on l’a espéré autant que notre aîné qui est 100% bio. L’adoption, ce n’est pas la norme et j’ai vite réalisé que ça piquait la curiosité. Les gens veulent savoir! Ils sont intéressés par cette réalité et c’est souvent agréable de les renseigner. Mais parfois, y’a de ces questions que je qualifierais de «maladroites» qui reviennent un peu trop souvent et qui ne sont pas particulièrement agréables à entendre pour des parents adoptants. À mon humble avis, ces questions sont rarement pertinentes et dans ce Top 5, je vous explique pourquoi.

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1. « Pourquoi ça prend tant de temps? Ça pas de sens des démarches aussi longues juste pour adopter un enfant. »

Tu trouves ça long? Alors, imagine-toi à ma place! En tant que parent, j’te jure qu’on a juste hâte d’avoir notre enfant à la maison. Mais quand on parle d’adoption, on parle d’un processus avec différentes étapes toutes plus importantes et essentielles les unes que les autres. Plusieurs évaluations (psychosociale, psychologique, médicale) et documents sont nécessaires avant qu’un dossier d’adoption soit accepté. Pourquoi? Parce qu’il est important de s’assurer que ce projet d’adoption  est pleinement réfléchi et  que les parents possèdent les capacités pour devenir de bons parents adoptants. En adoption, on cherche la bonne famille pour un enfant. C’est l’avenir d’un enfant qui est en jeu et c’est ce qui est le plus important. Ça justifie le temps de bien faire les choses, non?

2. « C’est lequel de vous deux qui ne peut pas avoir d’enfant? »

Répète après moi : DE QUOI J’ME MÊLE?!? Il me semble que c’est un peu trop intime comme question? Les gens assument, trop souvent, qu’un couple qui veut adopter ne peut automatiquement pas avoir d’enfants biologiques. Et à partir de ce moment, c’est comme s’il est totalement normal de parler ouvertement de leurs organes reproducteurs. Est-ce qu’on peut se garder une petite gêne, s’il-vous-plait? Premièrement, c’est sauter un peu vite aux conclusions. Deuxièmement, les raisons entourant le choix d’adopter appartiennent à chaque couple. Mais fondamentalement, c’est pour devenir parent ou agrandir la famille. Peu importe le chemin choisi. Pourquoi ne pas reformuler la question de manière un peu plus respectueuse, et demander tout simplement aux parents ce qui les a amené à se tourner vers l’adoption?

3. « Il vous a coûté combien? »

Quand j’entends ça, les oreilles me saignent! Premièrement, on n’a pas magasiné pis «acheté» un enfant dans un catalogue. Come on! On l’a adopté. Fais attention à tes mots. Oui, une adoption ça coûte de l’argent. En fait, derrière l’adoption d’un enfant il y a un long processus auquel des frais sont reliés. On parle de l’administration du dossier, de la production de différents rapports professionnels, de traductions, du voyage dans le pays d’origine, d’hébergement, etc. Alors oui, c’est beaucoup d’argent. Mais c’est un choix qu’on fait en tant que parent adoptant. Un enfant n’a pas de prix. Et de savoir exactement combien le processus nous a coûté, ça change quoi? Est-ce que notre enfant aura plus de valeurs à tes yeux?

4. « Pourquoi sa mère l’a abandonné? »

Dans notre famille, nous avons choisi de ne pas utiliser le mot «abandon». On dit plutôt qu’elle a fait le choix de le confier en adoption. Mettez-vous à la place de l’enfant qui entend ces mots? Un enfant adopté à déjà un parcours de vie différent qu’il devra apprivoiser. Il n’a pas choisi d’être adopté. Sa mère biologique a fait un choix qui lui appartient et cette décision a probablement été déchirante. Oui, j’ai des informations sur l’histoire de naissance de mon enfant. Parce qu’en tant que parents, nous avions le droit d’en apprendre un peu plus sur son bagage. Mais ces informations, elles appartiennent désormais à notre fils. Elles font partie de son histoire. Dans quelques années, quand il voudra en connaître un peu plus sur ses origines, on lui racontera ce que nous savons. Sans mentir. À partir de ce moment-là, il pourra choisir de t’en parler ou non. Ce sera son choix. Mais pour le moment, je suis désolée de t’annoncer que je ne répondrai pas à ta question. Parce que la vraie réponse, ne te concerne tout simplement pas.

5. « Est-ce que ce sont de vrais frères? »

Non ils sont en plastiques! Question niaiseuse – réponse niaiseuse! Pour mes garçons, le lien qui les unit est beaucoup plus grand qu’un lien de sang. Quand mon fils de presque 5 ans parle avec fierté de son petit frère de la Corée, il n’a aucun doute qu’il est autant son frère que si je l’avais porté lui aussi dans mon ventre. C’est sa réalité familiale à lui. C’est son frère et pour nous, il est autant notre garçon. Ça fait partie des valeurs que nous avons souhaité transmettre à nos enfants. Que les liens d’amour sont beaucoup plus forts que les liens de sang. Alors de grâce, ne viens pas dire que ce ne sont pas de vrais frères. Ils sont des frères parce que nous sommes une vraie famille. Ils n’ont peut-être pas les mêmes gènes… mais ça change quoi?

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Je sais que parfois on pose des questions sans trop se questionner et on ne pense pas qu’elles peuvent être déplacées. En tant que nouvelle maman adoptante, j’avais envie de te renseigner.  Parfois on ne réalise pas le poids des mots. Lorsqu’ils sont mal choisit, ceux-ci peuvent fermer une discussion plutôt que d’ouvrir la porte sur de beaux échanges. P’tit conseil : Avant de poser une question, demande-toi si la réponse amènera quelque chose de constructif ou si c’est plutôt pour assouvir ta curiosité mal placée. Tu vois ce que je veux dire? Garde ça en tête, pis toute va ben aller.

– Mélanie

 

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