Je suis personne » C'est notre histoire à nous, nos pensées, notre vie.

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Vivre au quotidien avec ce déficit 

Des jours je ris de moi, d’autres jours je me décourage moi-même!

D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie à part dans ma tête. Je croyais que j’étais la seule au monde à ressentir ce sentiment d’être jamais juste assez… ou d’être toujours tout simplement trop! C’est quoi ça un esprit sain dans un corps sain? Il y a cette fine ligne entre moi et la folie. Je suis partout et nulle part à la fois.

J’ai cette histoire particulière qui en ferait paniquer plus d’un. Un passé pas rose rempli d’un paquet de traumatismes mais, j’ai aussi cette résilience qui m’habite et à qui j’en veux parfois. On dit que la résilience est une belle qualité. Mais j’ai réalisé qu’elle peut aussi être sournoise cette résilience qui fait que tu restes debout quand tu as envie de t’effondrer et de crier à l’injustice. Cette résilience qui fait que tu comprends tout le monde, que tu acceptes l’inacceptable… sous prétexte que tu comprends le besoin derrière chaque foutu comportement. Et tu pardonnes… sans avoir pardonné réellement! Tu dis le faire seulement pour libérer la conscience de cette personne, pour qu’elle arrive à bien dormir sans aucun remord. La chanceuse!

Qui décide du destin de la vie?! J’ai une requête… Bref, ça pas rapport mais vous allez comprendre, je crois. Quelques personnes en fait. J’espère. Vous voyez, là c’est l’écureuil qui passe par la fenêtre attirant mon attention!

Donc, je disais… J’ai compris, ce jour pas si lointain, que j’ai un déficit d’attention avec hyperactivité de type mixte avec impulsivité. Maintenant, je comprends mieux la folie qui m’habite. Je comprends pourquoi je suis si désorganisée au quotidien dans ma tête. J’ai arrêté de me convaincre et surtout d’essayer de convaincre les autres que je suis full organisée parce que c’est pas vrai. Pas vrai pentoute. Je suis pire que pire. Mais j’ai la volonté de vouloir m’organiser dans les trente mille projets que j’ai en branle (trente mille, j’exagère à peine!). Dans mon environnement chaotique aussi. Je m’achète des petits paniers pour organiser le garde manger, ma garde robe, la salle de lavage, mon auto même, mon bureau. Un merci spécial à Dollorama pour la variété de grosseur et de couleur! Bref, je m’organise comme je peux. J’y arrive. Un peu. Parfois. En parlant du Dollorama, je dois aller au Walmart acheter une lampe de chevet pour mon garçon, car l’autre en a une… Vous voyez le genre?!?

Et l’inattention. Celle qui me fait rire et qui m’exaspère à la fois. Je vous avoue que je me trouve souvent full divertissante. Mais full stressante aussi… et tellement intense… et tellement impatiente.

C’est difficile de s’aimer avec toutes ces caractéristiques généralement péjoratives. Mettons que je suis la fille facile à juger, tsé! La fille, que tu te dis: « Ayoye, est énervante elle! » Je m’imagine que les gens trouvent ça difficile de m’aimer aussi. Je dérange, je parle fort et j’ai des idées de fous que je vous raconte avec les yeux aussi grands que les poupées Monster High! Parfois je vous écoute sans cligner des yeux parce que je vous trouve passionnant à en faire sécher mes verres de contacts. Mais d’autres fois, j’examine la configuration du plafond car ce que vous racontez est aussi long que l’autoroute 15 et je sais pas pentoute où ça va nous mener! Je m’exaspère de l’attente au service au volant du McDonalds, jusqu’à ce que je me rende compte que j’attend que la madame prenne ma commande devant la poubelle et non devant le haut-parleur brun… un mètre plus loin. Je suis celle qui regarde avec un air un peu condescendant (et l’impatience qu’on me connaît!), la belle madame avec sa manucure qui est plusssssss que due à la caisse du magasin, en lui disant que sa machine Interac ne fonctionne pas! Et elle, de me répondre en pointant (avec son index négligé, rappelez-vous!) ma carte de débit dans ma main droite, que si j’insère ma carte… ça devrait marcher! Je suis celle qui entre dans son auto du pied gauche parce que je pense encore à la manucure de la madame qui travaille au service à la clientèle. Essayez ça d’entrer coté conducteur avec votre pied gauche sans perdre la face! Je suis celle qui commande des Timbits au McDonalds, celle qui enlève son chandail pour s’asseoir sur la toilette, celle qui ne peut pas se concentrer sur le monsieur super intelligent qui donne une formation, parce que la fille à côté de moi mange un bonbon et que je rêve de lui faire avaler en enfonçant mes deux doigts au fond de sa gorge. Et là, elle s’étouffe et j’ai des sueurs froides. Mais qu’est-ce que j’ai fait? Va-t-elle mourir ? Est-ce que j’irai en prison? Je fabule bien sûr, je ne ferais jamais ça! C’est dégeu mettre ses doigts dans la bouche de quelqu’un! Donc, je disais… Je suis celle qui sort et entre dans la maison minimum six fois le matin parce que j’ai oublié mon café, ma bouteille d’eau, mon fer plat allumé, mes lunettes de soleil, mon lunch… Avouez que je suis exaspérante, hein?! J’me tape sur les nerfs moi même! Bon, on reprend son souffle!

Mais j’ai appris, avec l’aide de mes deux collègues que je qualifierais poliment d’assez «débiles», à rire de tous mes déficits et fixations. Le jour où j’ai appris à en rire, c’est le jour où j’ai dédramatisé et que j’ai commencé à m’aimer davantage. L’autodérision m’a remonté l’estime, je vous en passe un papier. Finalement, je ne suis pas si pire que ça. Je suis full divertissante et j’ai toujours plein d’histoires de fous à raconter!

Je termine.

Le petit ingrédient secret de ma recette « TDAH qui s’assume et qui s’aime un peu plus », c’est l’entourage! Je m’entoure de gens comme moi, un peu, beaucoup trop et des fois pas du tout. Mais, je m’entoure de gens qui m’aime pour la personne que je suis et qui m’accompagnent dans mon quotidien loin d’être ordinaire!

Mychelle