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Non, je n’aurai pas d’autres enfants…

Non, je n’aurai pas d’autres enfants. Pas parce que je ne peux pas… mais parce que je ne veux pas.

Le 19 mai 2012, j’ai accouché de mon premier petit garçon qui malheureusement, est décédé le jour de sa naissance. Ce fut un accouchement difficile et ma propre vie a même été en danger. La médecine étant ce qu’elle est de nos jours, j’ai pu recevoir d’excellents soins et ainsi, revenir à la maison en santé (maganée, mais en santé).

S’en est suivi toute une aventure remplie d’émotions : colère, tristesse, déception, rage, paix, etc. Le temps a passé et le souvenir de ce petit être parti trop rapidement s’est fait de plus en plus doux à ma mémoire. Mon conjoint et moi avons continué de s’aimer et nous avons, malgré cette dure épreuve, décidé d’avoir un autre enfant. Je dois par contre faire une parenthèse. Suite à mon accouchement, j’ai fait plusieurs bilans de santé et nous avons découvert que j’ai perdu le bébé suite à un décollement placentaire qui lui, a été causé par un caillot de sang entre l’utérus et le placenta. Le placenta s’étant décollé avant l’accouchement, le bébé a été privé d’oxygène et n’a pu survivre. Lorsque j’ai perdu Jacob (oui c’est le nom que nous avons donné à notre fils), j’ai eu l’impression qu’une partie de moi s’était envolée. Je pensais mourir de peine… et je me suis surprise, à quelques moments, à demander à Dieu d’aller le rejoindre tellement j’avais mal. Mais, mon conjoint étant à mes côtés, je me suis donné comme mission que nous avions droit, nous aussi, d’avoir un autre enfant (vivant) et d’être heureux.

Le temps a passé et je suis tombée enceinte en 2013. Alléluia! Nous étions fous de joie et très reconnaissants envers la vie. Elle nous apportait enfin un baume à toute la peine que nous avions eue. Par contre, j’avais peur, nous avions très peur. J’étais anxieuse. J’avais peur de faire une fausse couche, d’accoucher et de ne pas avoir la chance de voir mon enfant en vie car le deuil périnatal, dans mon cas, ça m’a vraiment marqué. J’ai donc été suivi de très près durant cette grossesse. Je devais prendre des médicaments et me donner des injections dans la bedaine à tous les jours pour éclaircir mon sang et ainsi, éviter la formation de caillots. J’avais des suivis réguliers avec le gynécologue, des échographies à tous les mois, des monitorings, etc. J’ai eu mal au cœur, j’ai engraissé, j’ai eu de l’acné, des sauts d’humeur, la totale quoi!! 40 semaines ont passées et le jour de l’accouchement est arrivé. Ce fut une césarienne planifiée, et ce, pour éviter les risques de récidive de décollement placentaire. J’ai accouché le 13 février 2014 et lorsque je suis revenue à la maison avec un bébé en vie dans le siège de la voiture, ce fut le plus beau jour de ma vie. Depuis ce jour, je remercie la vie d’avoir la chance d’être mère car pour moi, c’est le plus beau cadeau du monde.

Tout ça pour dire que je vais être honnête avec vous : être enceinte, je n’aime pas ça et accoucher, encore moins.  Ne pas dormir, je n’aime pas ça non plus. Me donner à 110% à un petit être, j’ai adoré ça. Mais, plus maintenant.  Mon fils est de plus en plus autonome. Je peux dormir la nuit, boire mon café en le regardant jouer, aller prendre une marche alors qu’il est en tricycle et surtout, aller chez la coiffeuse sans être obligé de pomper mon lait. Je respire et je peux enfin prendre soins de moi et de mon couple à nouveau. Je veux passer à une autre étape de ma vie. Don’t get me wrong, mon fils est la plus belle chose qui me soit arrivé. Je donnerais ma vie pour lui et j’adore les enfants… mais, je n’en n’aurai plus. Les packages de vacances pour 2 adultes et 2 enfants, ce ne sera pas pour moi. Je laisse ma place aux autres. Mes voisines et ma famille continueront de me demander : « C’est pour quand le prochain? » Je continuerai de vous dire : Jamais! Je continuerai probablement de me faire juger car de nos jours, on n’a pas juste un enfant! Ce n’est pas normal. Maudite pression sociale! Laissez-moi vous dire qu’avoir un, deux, trois, huit ou aucun enfant est un choix personnel. Nous sommes les propres maîtres de nos vies et de notre bonheur.

Mais, n’oubliez pas, je n’ai pas un enfant, j’en ai deux. Un au ciel et un avec moi… et non, je n’aurai pas d’autres enfants.

– Caroline