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Ma petite fille des étoiles

Depuis ce mois d’octobre 2014, j’ai des images, des mots, des pensées qui reviennent sans cesse. Dès que le silence règne autour de moi, et même à chaque instant, je pense à elle, je la vois, je la sens en moi et tout autour de moi, elle est partout. J’écris, je partage, je pleure, je pense, je fuis, mais rien n’y fait. Comme une ombre qui plane au-dessus de moi, une goutte d’encre noire sur un dessin si harmonieux, une note qui résonne différemment, et de façon permanente, sur la partition de ma vie. Une immense douleur qui se résume en 5 petites lettres.

L-Y-D-I-A.  Ma petite fille des étoiles, morte in utero à 37 semaines, et née sans vie le 1er novembre 2014.

« Je suis désolée, il n’y a plus d’activité cardiaque ». Voilà quelques petits mots qui ont bouleversé ma vie à tout jamais. Insouciante et le cœur léger jusque là, déjà maman d’une petite fille, je suis entrée dans un tourbillon infernal, puis dans un autre monde : celui des gens qui chaque jour doivent vivre avec l’absence d’un être cher. Je suis tombée dans un trou béant ce 1er novembre 2014. Tous mes repères se sont écroulés, et avec eux, toute ma confiance en moi et en la vie. Non, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Les drames n’arrivent pas qu’aux autres. Tout peut arriver, tout le temps, à tout le monde. On ne maîtrise rien, on n’est rien sur cette planète. Il y a là-haut, une présence, une force, un esprit de la nature, qui donne la vie et la reprend.

Je suis la maman d’un ange. J’ai en moi un amour de maman qui ne sait pas où aller, qui s’envole chaque jour vers le ciel, vers les étoiles, vers le néant. Cet amour dont je ne pourrai jamais me défaire. Tantôt il me porte, tantôt il me fait souffrir.

Il faut en faire le deuil… Voilà une expression bien vide de sens, surtout lorsqu’il s’agit d’un bébé qu’il n’a même pas vu le jour. A quoi pouvais-je me raccrocher? Comment accepter cette mort, alors qu’aucune raison, ni explication n’est venue la justifier? Comment ne pas porter tout le poids de la culpabilité de cette mort? Lydia n’a même pas poussé de premier cri, elle n’a même pas vu la lumière du jour. Je n’ai jamais vu la couleur de ses yeux. Je ne sais rien d’elle, si ce n’est ces nombreux mouvements dans mon ventre, avant qu’ils ne cessent définitivement. Et pourtant j’ai bel et bien été enceinte pendant 9 mois. Et j’ai bel et bien accouché. Je ne crois pas arriver à faire le deuil de ma petite fille. Pour moi elle est toujours là, j’ai simplement dû accepter sa présence autrement à mes côtés. Elle est dans le vent, le ciel, les nuages, dans le papillon qui se pose à côté de moi, dans la petite fleur qui a poussé sous ma fenêtre, elle est dans les moments de joie extrême, elle me voit, elle me porte, elle est en moi, elle pense avec moi elle rit avec moi, elle voit la vie avec mes yeux, c’est tout ce que je peux lui apporter. Avec quelques fleurs et des larmes au cimetière de temps à autre.

Aujourd’hui, la vie (Lydia?) m’a offert un troisième petit trésor que j’aime de tout mon coeur. Avec ma première fille à qui je me suis accrochée de toutes mes forces, ils sont toute la lumière de ma vie. Chaque soir, je les regarde dormir, et surtout je les écoute respirer. C’est la vie à l’état pur. Cette vie que j’aurai tant voulu voir chez Lydia. Et pour qui j’ai désormais un respect infini.

Après avoir vécu une telle perte, on savoure chaque instant de bonheur avec mille fois plus d’intensité. On sait dorénavant que tout peut basculer en une seconde, sans rien avoir vu venir.

Je terminerai sur cette citation de Prévert : « Le bonheur en partant, m’a dit qu’il reviendrait. »

Et il est revenu.

Valérie

  • Cathy - Marie- Philippe… le nom de mon ange. Elle m’a quittée exactement comme votre petite fille… 37 semaine… le 29 septembre 2011. Le bonheur en partant est revenu… 1 an plus tard avec le petit homme de ma vie. Charles -Philippe. Moi aussi je me suis raccrochée à mes 2 grandes filles et à mon petit espoir. On s’en sort mais la douleur ne nous quitte jamais. Et on aime plus que tout nos enfants. On profite de tous les instants pour les chérir… Merci pour votre magnifique texte. ???répondreannulé

  • Marylène - Valérie, quel beau texte… que d’émotions
    Ta petite Lydia, en partant t’a offert un si beau cadeau, celui de savoir a quel point la vie et le bonheur sont précieux.
    Que de similitudes entre ton histoire et la mienne: Elza, ma petite libellule, s’est envolée elle aussi avant d’avoir pu pousser son premier cri en 2013. Je me suis accrochée à la vie entre autre grâce à ma grande puce, et j’ai reçu en cadeau il y a un peu plus d’un an un petit miracle. Eva s’était installée par surprise en moi, et après 8 mois de peur, est venue illuminer nos vies début 2016.
    La citation de Prévert a été mon ‘motto’ pendant cette grossesse 😉
    Elza restera toujours le bébé parfait, mon ange gardien… et grâce à elle, je savoure chaque minute passée avec mes filles, mêmes les colères ou les moments plus difficiles!

    Courage, et profites bien de tes bonheurs!
    Marylènerépondreannulé