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Toi et moi, pour la vie…

Toi et moi, c’est pour la vie. Et non chéri, je ne parle pas de toi, mais bien de cet inhibiteur de la recapture de la sérotonine!!!

En d’autres mots, il s’agit de mon antidépresseur.

Nous entendons de plus en plus parler de la santé mentale, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre milieu de travail. J’ai eu la chance, durant les dernières semaines, de suivre un cours de premiers soins en santé mentale. Le but de ce cours n’était pas de faire de nous des intervenants spécialistes en santé mentale, mais bien d’améliorer notre qualité d’écoute et de savoir comment aller chercher l’aide appropriée dans une situation de crise. Ce fut extrêmement intéressant et ça me donne envie d’écrire sur le sujet, de faire mon coming out.

Comme vous le savez peut-être déjà, durant les dernières cinq années, j’ai vécu quelques deuils et j’ai donné naissance à mon beau petit William. Tous ces événements m’ont bouleversée. J’ai vécu de la peine, mais aussi du bonheur. Tout ça pour dire que dans ma tête, même encore en ce moment, c’est parfois chaotique!

Retour en arrière… J’ai commencé à prendre des antidépresseurs en 2006, suite au décès de mon père. Je venais de vivre mon premier deuil, je terminais mes études, je mettais fin à une relation et je commençais un nouveau travail. Pour moi, c’était beaucoup et à un moment donné, je suis juste tombée. Carrément. Plus capable de dormir, plus capable de me concentrer et plus capable ou presque, de fonctionner. J’ai pris un congé de 3 mois.   Pendant ces trois mois, j’ai dormi… Je me suis reposée, j’ai consulté, j’ai fait des exercices et j’ai commencé la prise d’un antidépresseur. Tous ces facteurs m’ont permis de mettre de l’ordre dans ma tête et de redevenir en forme. Par la suite, et avec l’accord de mon médecin, j’ai essayé un sevrage. Mauvaise idée! J’avais des sautes d’humeur et je ne me sentais vraiment pas bien. J’ai donc dû recommencer et me faire à l’idée que mon corps et ma tête avaient besoin de ce médicament pour bien fonctionner.

Le temps a passé, mais la vie elle, a décidé qu’elle me challengeait. Fausse couche, deuil périnatal, naissance, décès de ma mère, etc. Il s’agit de circonstances de la vie et comprenez-moi bien, je ne veux aucunement m’apitoyer sur mon sort. Je suis maintenant bien, mais je veux tout simplement faire une mise en contexte. Certaines personnes vivent des épreuves tout aussi difficiles, sinon plus. On a juste à penser à la maladie infantile, aux nombreuses inondations qui ont eu lieu dans les régions durant les dernières semaines, aux actes terroristes et plus encore. Pour moi comme pour bien des gens, la vie nous envoie des tests et nous n’avons d’autres choix que de dealer avec. Mais, ce que je retiens, c’est que nous avons chacun notre propre capacité de rebondir et de faire face aux aléas de la vie, et ce, selon notre expérience de vie, nos valeurs, notre spiritualité et notre âme.

Lorsque je suis allée voir mon médecin il y a quelques semaines et que nous avons récapitulé les dernières années, je n’ai eu d’autres choix que je me rendre à l’évidence que mon antidépresseur était pour m’accompagner pendant encore de nombreuses années et peut-être même… pour la vie. Combinée à plusieurs autres éléments, cette petite pilule m’aide à ne pas sombrer dans le noir et me permet de fonctionner dans la vie de tous les jours, mais surtout, je suis en mesure de m’occuper de mon fils avec amour, attention et concentration.

La honte que j’avais à prendre des antidépresseurs. Pouvez-vous croire que durant les premières années de vie commune avec mon conjoint, je lui ai caché ça? Vraiment! Oui, mais il l’a découvert et il m’a acceptée, tel que je suis. C’est ça l’amour, c’est accepter l’autre tel qu’il est. Le laisser être qui il veut. Et le dilemme que j’ai eu à me demander si je publiais ce texte de façon anonyme ou pas. Je le fais, car pour moi, écrire est très thérapeutique et j’espère que ce témoignage pourra aider d’autres personnes à se reconnaître et à s’accepter dans une vie où la santé mentale peut être si fragile.

Avec tout mon amour et ma compréhension, je dédie ce texte à toutes les personnes qui se reconnaîtront à travers ces quelques lignes. J’espère contribuer, à ma façon, à réduire les préjugés liés à la prise d’antidépresseur, la dépression et tout autre trouble de santé mentale.

Caroline

  • Leslie - Caroline,
    You are courageous, you are strong, you are thoughtful for the well-being of others, you are loving of those who dance in your circle of life and living, you are kind and you will make a difference for everyone who has walked this same path, has been looking for hope and is lucky enough to read this post.

    Thank you my friend,

    Leslierépondreannulé

  • Francine - Quel beau témoignage Caroline! C’est drôle comment les gens n’ont pas peur de dire qu’ils prennent des médicaments pour contrôler leur haute pression, leur cholestérol, leur diabète…mais que pour contrôle notre sérotonine trop présente ou pas assez, OUFFF!! Quel tabou et quelle honte! Je pense que la capacité de rebondir est un facteur plutôt secondaire. Je crois que ce qui fait en sorte que quelqu’un ait besoin d’antidépresseur relève bien plus de notre biologie, de notre chemin de vie et de notre environnement que de notre capacité pure à se relever. Car il ne faut pas confondre! Les gens affectés par la dépression sont souvent beaucoup plus résilients et capables de se relever que ceux qui ont un « moral de fer » comme ont dit…car pour se relever, il faut tomber. Ceux qui ne tombent pas n’ont pas besoin de se relever! Pour moi, mes antidépresseurs sont là au même titre qu’un fauteuil roulant est là pour une personne ayant perdu l’usage de ses jambes. Ce serait inconcevable de demander à cette personne de se lever et de courir, n’est-pas? Alors pourquoi se permettons-nous de demander à quelqu’un à qui il manque de sérotonine de rire à gorge déployée tous les jours sans ses médicaments? Pour ma part, je ne connais pas mes parents biologiques et encore moins leur historique de santé…c’est un des facteurs fait en sorte qu’une personne est plus encline à la « déprime ». Toute notre histoire peut nous mener ultimement à un endroit où notre corps, notre cerveau, ne peut simplement plus récupérer sans aide. Tout va bien jusqu’au jour où c’est trop! Personne n’est à l’abri, mais plusieurs refuseront de se rendre à l’évidence et d’accepter qu’ils ont besoin d’aide. Car il faut être fort et honnête pour admettre qu’on a besoin d’aide. Alors, tu n’es pas seule et ton texte me rassure beaucoup car je vois que les effets que tu a vécus ressemble à ce que j’ai vécu aussi. Problème de concentration, problèmes de sommeil (dans mon cas dormir beaucoup trop!), incapable de conduire, incapable de m’occuper de moi-même, incapable de réaliser la plus simple tâche…ça prend du temps, mais on finit par se relever et aussi à s’accepter. J’ai aussi appris à ne plus tolérer autour de moi les gens néfastes qui abusent de ma générosité. J’étais beaucoup trop patiente à mon détriment et ça m’a rendue malade. Je n’accepte plus les agressions sous aucune forme et ce pas, m’a aidé vraiment beaucoup. J’ai appris que ce n’est pas tout le monde qui est digne de mon amour ou de mon amitié et que ce n’est surtout pas à sens unique! Je n’ai plus peur « de faire de la peine ou de froisser les autres » car si on me froisse et qu’on me manque de respect, j’ai le droit de refuser ces gens dans « ma bulle ». Je réserve « ma bulle » aux gens gentils et positifs…les autres, j’en ai rien à cirer. La vie est trop courte. Pour ce qu’il me reste à vivre, je veux m’aimer et être heureuse avec les gens sensibles, respectueux et honnêtes. Bravo pour ton article et continue car j’adore te lire.répondreannulé