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À toi, ma belle étoile

Le jour où j’ai appris ton départ, j’étais épuisée par mon quotidien de mère. J’avais décidé d’aller porter fiston à la garderie, car j’avais besoin de recharger mes batteries. J’étais à bout des crises à répétitions des derniers jours et des nuits trop courtes des derniers mois.

Quand j’ai reçu la nouvelle sur mon cellulaire, je me suis effondrée. En un instant, tout a changé. J’avais envie de crier, d’insulter la vie. Je venais d’apprendre la nouvelle que je redoutais tant depuis quelques jours. Tu étais partie…Tu avais exactement le même âge que mon garçon. Je me rendais compte que ça aurait pu être lui. La fatalité de la vie. Je venais de ressentir une parcelle de cette si grande douleur que représentent ces 5 mots. Mes larmes coulaient et ne s’arrêtaient pas… Ça m’a frappé drette dans le ventre!

Au bout de quelques secondes, d’un geste presque automatique j’ai enlevé le manteau et les bottines de mon fils. Il ne semblait rien comprendre. Je l’ai pris dans mes bras et je lui ai chuchoté à l’oreille qu’il allait passer la journée avec maman. Qu’il n’irait pas à la garderie. Je me suis mise à penser à cette maman qui ferait TOUT pour avoir une crise de colère et des nuits blanches. Je pensais à cette maman extraordinaire qui doit rester forte et continuer d’avancer pour sa petite dernière qui a vu le jour pendant que tu te battais pour vivre (maudite cochonnerie qu’est le cancer!).

On va se le dire, depuis ton départ, je me pose beaucoup de questions sur la vie. Moi qui croyais que « rien n’arrivait pour rien ». Je vais t’avouer que je remets ces paroles en question aujourd’hui parce qu’aucun enfant ne devrait avoir à se battre contre la maladie. Parce qu’aucun parent ne devrait dire adieu à ce qu’il a de plus précieux. Depuis ton départ ma belle étoile, je prends le temps. Je prends le temps de serrer mes enfants dans mes bras plus longtemps. Je prends le temps de m’asseoir par terre pour faire un casse-tête avec fiston. Je prends le temps de bercer ma fille pour apprécier ce moment qui est devenu plus précieux qu’avant. Je prends le temps de simplement m’arrêter… Le temps passe beaucoup trop vite lorsque l’on devient maman. La routine essoufflante, la fatigue physique et mentale nous empêchent souvent de s’arrêter et d’apprécier les petits bonheurs qui se trouvent sur notre chemin.

Je vais être franche avec toi, tes parents tentent d’avoir un semblant de vie normal. Leur quotidien est un dur combat face à cette injustice de la vie. Ils se sont fait la promesse de rester fort ensemble, de rester debout contre le vent. Une bataille de chaque jour, de chaque instant. Ils parlent de toi à tous les jours, ça leur fait du bien. Tu devrais voir leurs yeux remplis de fierté et de douleur à la fois lorsqu’il prononce ton doux prénom. Ils ne veulent pas que l’on t’oublie… Mais comment pourrions-nous t’oublier bel amour? Tu as marqué nos vies par ton regard vif et lumineux, par ta grande force et ton sourire contagieux malgré les épreuves qui ont été mises sur ton trop court chemin. Je me considère tellement chanceuse de pouvoir côtoyer ta maman qui continue de te faire vivre à travers les photos qu’elle me montre en souriant discrètement et les souvenirs qu’elle me raconte en ravalant le motton qui lui monte à la gorge. J’aime croire que c’est toi qui as mis ta merveilleuse famille sur mon chemin afin de m’apprendre l’essentiel que j’oublie beaucoup trop souvent à mon goût dans le tourbillon du quotidien.

Ma belle étoile, tu étais si petite, mais tu m’as fais prendre conscience de quelque chose de tellement grand que certains n’apprendront probablement jamais : Vivre le moment présent et apprécier chaque instant de bonheur et d’amour. Ils ne sont pas acquis. Continue de briller de là-haut. Je sais que tu veilleras sur tes deux merveilleux parents et ta petite sœur… ils en auront besoin.

– Marielle

En l’honneur d’Alycia, ma belle étoile (2015-2017).