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Demain je saurai

C’est demain le grand jour. Dans moins de 24hrs, j’aurai la réponse à toutes mes questions, toutes celles que je me pose en ce moment. Depuis 2 mois, j’essais de taire cette petite voix dans ma tête qui désire envahir celle-ci d’inquiétudes. Depuis les premiers instants où j’ai remarqué que quelque chose n’allait pas, la même question reste dans ma tête… et si j’avais le cancer.

Tous les tests ont été passés, il ne reste que le résultat à aller chercher. Déjà le coup de téléphone me donnant le rendez-vous m’a renversé le cœur, m’a étourdi, m’a fait glisser du sol. Il ne m’aura fallu que quelques minutes pour retrouver pied… et pourtant. Pourtant la tête ne veut se taire, le cœur veut pleurer, mais je garde la cap. La vie continue, le temps passe… et je ne sais pas. J’attends, j’essais de dormir, de rire, de sourire… je coiffe mes cheveux chaque fois comme si c’était la dernière fois. Aux yeux du monde, il n’y a rien, rien qui n’a changé. Mais moi, même si je me demande de me taire moi-même, presqu’à chaque instant… je me demande si j’ai le cancer.

Est-ce que mon corps est malade et que je ne le vois pas? Est-ce qu’il sera malade prochainement? Vais-je perdre ma santé? Vais-je avoir peur d’être vaincu? Vais-je devoir être un poids pour l’homme que j’aime? Vais-je voir la crainte dans les yeux de mes enfants? Tant de questions qui roulent dans ma tête! Tant de questions qui seront répondues demain devant les yeux d’une inconnue. Devant celles qui annoncent à plusieurs personnes le sort fatidique qui les attends. Demain seulement je saurai… si j’ai le cancer.

Je suis comme tous les autres qui ne savent pas, qui ne l’ont pas vu venir. Combien sommes-nous à vivre dans cette grande inquiétude aujourd’hui? Et comment réagissent-ils les autres? Ont-ils pris le temps de pleurer toutes les larmes de leur corps alors que je ne me suis permise qu’une seule larme sur ma joue? Ont-ils parlé à leur proche de leurs craintes alors que j’évite le sujet autant que possible? Comment doit-on réagir quand on nous dit qu’il y a un doute, un doute assez fort pour passer un premier test, puis un deuxième? Que doit-on dire quand on extrait quelques petits morceaux de notre corps pour savoir si le monstre a envahi une partie de notre être ou pas? Quel est le bon comportement à avoir lorsqu’on se fait dire qu’on a peut-être le cancer?

Je l’avoue, j’ai déjà visualisé le texte que j’écrirai lorsque je pourrai apprendre au monde que je n’ai pas le cancer. Un titre simple « Je n’ai pas le cancer ». Je pourrai dire en grande pompe que mon corps est en santé, que je vais bien, que je ne serai pas malade, que je vais continuer ma vie comme si les 2 derniers mois n’avaient pas existé. Je sourirai le cœur rempli de douceur, de bonheur et d’excitation. J’ai imaginé cette annonce tant et tant de fois. Pour me réconforter, pour me bercer, pour me sentir bien. Tout simplement parce que je ne veux pas faire face à une autre réalité, parce que je veux être forte en tout temps, parce que je ne veux pas… mais pas… je ne veux tout simplement pas… s’il vous plait… avoir le cancer.

Geneviève