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Salut Bertha

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Salut Bertha,

Il y a longtemps que je voulais t’écrire! Le temps a passé Bertha, mais jamais je ne pourrai oublier ton passage dans ma vie! En tout premier lieu, j’aimerais te dire merci! Pendant près d’un an, tu m’as rendu de si grands services. Tu m’as permis de reprendre le dessus, d’offrir le meilleur à mes enfants et de ne pas perdre la tête. Notre relation a tellement été fait sur des hauts et des bas que je ne voudrais pas que tu oublis l’essentiel… tu as vraiment été importante pour moi.

Je sais qu’au départ j’étais très résistante à ta venue dans ma vie. En fait, enceinte de ma fille c’était le « running gag » : « ‘C’est pas vrai que je vais me trayer comme une vache oublie ça »! Puis, une belle poulette de 6,6 livres a ouvert ses yeux à la vie avec le plus beau sourire du monde. J’étais bien prête à l’allaiter, mais ma pauvre petite puce n’arrivait pas à gérer sa jaunisse et la prise au sein. Dans les 48 premières heures, tout allait bien, mais 24hrs après… la MONTÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ LAITEUUUUUUUUUUSE s’est pointée! Mais pas une tite là… NON NON NON!!! Une avalanche de lait! J’avais l’air d’une femme dans les films, pis pas ceux que ma toute nouvelle petite beauté avait le droit d’écouter. Et est arrivé le moment fatidique… « Vous devriez peut-être tirer votre lait, Madame Beaupré ». Moi??? Non jamais! Que dis-je… impossible! Ce fut donc notre première rencontre. Tu es arrivée dans ma chambre avec ton petit teint verdâtre, un teint qui trahissait ton âge, car je dois te l’avouer Bertha, tu n’avais pas le look du jour du tout! Et on m’a expliqué comment faire. Dos à la porte, presque caché, je t’ai démarré pour la première fois! Comment expliquer mon émotion en 1 mot : AAAAAAAAAAAAléluhia!!! C’est les yeux roulant dans le beurre que je compris le plaisir d’extraire ce liquide de mon corps! Toute la douleur que je ressentais dans le dos, dans les épaules et surtout dans ces seins que je ne reconnaissais plus était en train de me quitter. À ce moment-là ma chère Bertha, j’ai eu un élan d’amour inexplicable pour toi! Je n’aurais cependant pas imaginé dans mon scénario l’arrivée de l’amour de ma vie à ce moment précis. « Tu ne peux pas croire comme ça fait du bien ». Je ne sais pas si j’essayais de le rassurer ou si je voulais simplement être sûr que je ne venais pas de tuer sa libido pour toujours! Reste que de voir sa blonde accrochée à un tire-lait, ce n’est certainement pas une image que l’on désire garder pour toujours! Je croyais que notre vie ensemble serait brève, je n’avais pas prévu la venue d’un deuxième enfant! C’est là que notre relation a totalement changé Bertha! Tu as pris à ce moment-là une importance capitale pour moi!

2 ans et demi plus tard, un magnifique petit garçon de 910 grammes venait au monde dans des conditions bien particulières. Un petit être né 13 semaines trop tôt qui était bien trop faible pour prendre ce que moi j’avais à lui offrir. C’est donc à ce moment qu’on s’est revu toi et moi. Tu as alors pris une importance capitale! Tous les 4 heures, nous avions rendez-vous toi et moi. Jour, soir, nuit, c’était un rendez-vous que je ne pouvais pas manquer. Il y avait 2 raisons à cela : il était important de tirer mon lait pour ne pas diminuer ma production de lait, mais j’avais tout autant besoin du soulagement d’enlever ce poids à l’intérieur de mon corps! J’avais un enfant qui buvait 1 millilitre de lait tous les 3 jours alors que mon corps produisait 11 onces de lait aux 4 heures! Il ne faut pas être un pro en mathématique pour comprendre ma souffrance et mon soulagement chaque fois qu’on avait une rencontre toi et moi. À nos premiers rendez-vous, je te démarrais doucement et plaçais la puissance juste assez forte pour que la job se fasse. Au fil du temps, surtout la nuit, j’avais de moins en moins envie de te côtoyer. Je ne voudrais pas que tu le prennes personnelle Bertha, mais lorsque je passais du temps avec toi, je passais du temps loin de lui ou je manquais les pauvres petites heures de sommeil que je pouvais avoir. C’est à ce moment que j’ai commencé à démarrer tes fonctions à la force la plus puissante! Tu travaillais tellement fort et moi je ne ressentais presque plus rien. Mais l’image… l’image des téterelles qui avalent presque en totalité mon sein reste encore un traumatisme à ce jour! Parce qu’il faut se le dire, elles ne sont pas possibles tes téterelles! Ils sont faits pour tous les types de seins et par moment, je me demandais s’ils n’allaient pas avaler les miens! Puis un soir, vers 2 :00 du matin, j’ai eu un flash, comme une illumination… « Mes seins vont être complètement scrap… scrap scrap SCRAP!!! Ils vont juste pendent jusqu’à terre! Je vais pouvoir me faire un foulard avec eux pour me réchauffer en hiver! » Parce que reste que ce n’est pas une priorité mes seins dans ces circonstances, mais quand même! Je ne pensais pas que mon mamelon pouvait s’étirer autant… et je me demande encore comment c’était possible! Parce qu’en plus, ils sont transparents ces magnifiques petits morceaux donc on peut voir à quel point nos seins deviennent difformes pour permettre le mieux à notre enfant! Reste qu’il ne faut pas être égoïste et penser à ça, mais moi j’y ai pensé, je l’avoue… et je n’en suis même pas trop gênée en fait! Puis j’avais trouvé une solution! J’allais tout simplement t’allaiter toi Bertha pour le reste de mes jours! En continuant de t’allaiter à jamais, mes seins allaient garder cette forme bien ronde pleine de lait à laquelle mon cher amoureux semble très bien s’habituer et jamais mes mamelons n’iront rejoindre mon nombril c’est bien cela??? Mais bon, restons réalistes, à les voir fonctionner sur le long au lieu de sur le rond, il est difficile de se mettre la tête dans le sable et penser que tout sera beau. D’un autre côté, le plus important reste ce charmant petit bébé à nourrir. Et il reste que tu étais de l’entretien Bertha. On ne pouvait pas, nous simple maman un peu occupée, seulement tirer notre lait et te quitter. Non… non non non… il fallait te laver et bien te désinfecter pour nous assurer qu’aucune bactérie n’allait survivre. Tu sais, faire ta toilette à 13 :00, ça allait bien, mais à 3 :00 du matin j’en étais beaucoup moins tenté. Ha et tant qu’à être dans les confidences, on va se le dire… TU MÈNES UN TRAIN D’ENFER! Y’a rien d’inspirant dans le « pouin pouin » que tu fais chaque fois que tu tires avec toutes tes forces mon or blanc! Il me semble que si ça partait une toune d’Alex Newsky, ce serait un petit peu plus plaisant comme moment passé ensemble non?

Après plusieurs semaines est arrivée le moment où je t’ai détesté Bertha. Tu me faisais perdre de plus en plus de temps contre ton grès. Mon cher petit bébé ne prenait pas assez de poids, en fait, il ne prenait jamais assez de poids. Malgré ma capacité à l’allaiter, il en fallait plus, plus de calories, toujours plus de calories. J’ai bien essayé d’expliquer aux médecins que je me gavais dans le nutella et les biscuits aux morceaux de chocolat, on m’expliquait doucement que cela ne changeait rien à part ajouter un petit peu plus de chiffres sur ma balance personnelle à moi! Je devais donc continuer de tirer mon lait avec toi 6 fois et d’allaiter mon bébé à coup de 2 fois par jour. Dans les 4 premiers mois de la vie de mon enfant, le lavabo de ma chambre à Cachou aura bu plus de liquide si précieux que ce petit homme que je vois grandir. Et un jour, à mon grand soulagement, nous nous sommes finalement quittées. Mon aventure avec les tire-lait n’était pas terminée, mais notre chemin à nous oui ma chère Bertha.

Quelques heures après mon départ de l’hôpital, Trayeuse a pris ta place. Sans vouloir te vexer, je dois avouer qu’entre toi et elle… je l’aime vraiment beaucoup extrêmement plus! Trayeuse a compris 2 choses : le beige s’est discret et des téterelles molles et douces t’apportent beaucoup d’amour et de compliments! Pis Trayeuse elle, elle n’a pas d’angoisse de performance. Sa mélodie est plus douce et je me sens réellement moins comme une vache laitière au travail. Trayeuse, je peux la mettre dans le sac à couche, l’apporter un peu partout et vivre des moments privilégiés avec elle. Je te l’avoue, tu ne me manquais pas du tout. Je pouvais transporter Trayeuse de ma chambre au salon sans problème, je pouvais l’utiliser dans la salle de bain de mes amies sans me faire poser trop de questions! Elle et moi, on avait presque une relation fusionnelle. Elle avait le même horaire que toi, mais bien installé dans mon lit en regardant 19/2, ça passait un peu mieux.

Alors voilà Bertha, tout cela pour te dire un gros merci de tes loyaux services. Une chance que tu étais là parce que je dois bien l’avouer, je n’aurais pas tout fait cela à la mitaine! Tu m’as permis de combler mon rôle de mère alors que toutes les autres sphères ne me le permettaient pas. Tu m’as permis d’offrir à mon fils 9 mois d’allaitement que je n’aurais pu vivre sans toi. Malgré la haine que je te portais, j’ai une petite dose d’amour qui m’envahit lorsque je repense à ton teint vert et ton bruit infernal.

Ha oui et petit secret Bertha, même si Trayeuse a fait de l’excellant travail, tu aimes toujours mieux ta vie à la sienne. Disons que Trayeuse a fini sa vie sous les coups d’un marteau dans le son d’une victoire disant « C’EST TERMINÉ!!!!! APRÈS 9 MOIS, JE N’AI PLUS BESOIN DE TIRER MON LAIT! ».

Geneviève

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