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À toi, qui l’as subie aussi

Avec tout ce qu’on lit ces derniers jours, les dénonciations vont bon train sur les médias sociaux. Toutes sortes de drames sur tout genre de personne. On voit aussi que l’humain prédateur n’a pas de visage. Ça peut être n’importe qui et ça fait peur. Surtout lorsque tu as des enfants. Pis moi, ben j’en ai deux. Deux filles. Quand les annonces de mes grossesses au sexe féminin ont été propagé dans notre entourage, qu’a t’on entendu le plus souvent comme running gag?! « Ouf! Je n’ai pas hâte de voir ça, à leur adolescence! Vas-tu traîner ton gun pour menacer tous les p’tits gars qui vont tourner autour de tes girls?! Va falloir les checker! »  Je me pose beaucoup de question depuis quelques jours. Est ce que le genre féminin de mes enfants veut dire que ça ne les exposent pas à être, elles aussi, des agresseuses? On a bien dû se rendre à l’évidence : NON. Ce n’est pas réservé aux hommes; être violent. On le sait tous. Ces choses là se passent depuis toujours. Le viol a même souvent été utilisé comme arme de guerre. Ça détruit non seulement une vie, mais aussi l’âme humaine.

Mais je pousse ma réflexion un peu plus loin et je me surprends à me demander moi-même : « Coudonc, est-ce que j’aurais pu commettre ce genre d’attaque envers quelqu’un et je ne m’en suis juste pas rendue compte? » À lire des déclarations et visionner des vidéos d’artiste et de personnes visées par ces dévoilements publics, elles semblent en grande partie décontenancées, abasourdies. Pour plusieurs, elles ne semblent pas trop comprendre ce qu’elles ont fait de pas correct. Le mouvement devient titanesque. Y’a aussi des journalistes qui sont totalement contre ces sorties. Une plainte en bonne et due forme est le seul moyen de punir ça. Mon opinion valse entre « Je suis bien d’accord » et « Oui, mais notre justice a ses failles… »

Puis, j’ai lu ton statut Facebook. Tu racontes comment tu t’es fait agresser sexuellement. L’agresseur, tu le connaissais depuis longtemps alors la confiance était là. Tu expliques comment ta plainte n’a pas été recevable parce que tu as attendu 3 ans après l’événement pour avoir le courage d’affronter ce douloureux souvenir. Donc, ta parole contre la sienne. On t’a posé des questions, c’est normal. Mais une t’as choqué : « Comment étais-tu habillée ». Comme si être une victime d’un crime sexuel était ta faute. Perso, t’aurais pu être toute nue dans la rue et ça ne donnerait pas de droit à personne de te faire du mal. Ce ne sera JAMAIS de ta faute. Well. T’as abandonné l’accusation car l’affronter t’aurais peut être tuée, au final. Tu confies aussi tous les problèmes que ce geste a engendré chez toi; manque de confiance en soi, drogues, alcool et disparition du respect que tu pouvais porter à ton corps. Après un long processus, tu t’es sortie de cet enfer et tu es fière. T’as de quoi l’être.  

J’aurais voulu te dire beaucoup de choses mais je m’en tiendrai à l’essentiel. Cette mise à nu fait de toi une femme d’une force peu commune. Pas seulement pour exposer la situation désolante qui t’es arrivée, mais d’avantage pour le message d’espoir que tu fais passer. On peut s’en sortir. Tu as écris pour toi mais également pour ceux et celles ayant vécu la même chose, ceux et celles qui le vivront dans le futur. Tu as toute mon admiration et je te félicite pour tes démarches. Choses qui n’ont sans doute pas été facile.

Pour finir, même si je voulais crier à tout le monde subissant une violence sexuelle : DÉNONCEZ vite… je ne peux pas. Car il aurait fallu que je le fasse dès que c’est arrivé aussi. Mais bon, qui me croirait après tout ce temps?

Soleine