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D’une maman à la mienne

15554837_10157711744925478_886294669_nQuand j’étais petite, tu me répétais souvent : « Quand tu auras des enfants tu comprendras! ». Cette phrase s’imposait lorsqu’une inquiétude s’emparait de ton cœur de maman. Et des frousses tu en as vécu plus d’une! Bien sûr il y a les banalités de la vie qu’on se remémore de temps en temps. Entre autres, lorsque tu voulais que les chicanes entre ma sœur et moi cessent. Ou encore lorsque mes mauvais coups d’adolescente insouciante se produisaient. Tes paroles se répétaient : « Quand tu auras des enfants tu comprendras! ». Ces mots resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Mais à chaque fois je me disais « ouais, ouais…bien sûr » sur un ton de je-m’en-foutisme. J’étais jeune, je savais tout et je trouvais dont que t’exagérais… un tantinet. Avec toute l’expérience que tu avais, t’en connaissais bien moins que moi! Eh lala… t’sais la maudite phase d’ado! C’est une partie ingrate mais normale paraît-il, de l’évolution d’une adolescente nord-américaine moyenne. Je tiens tout de même à m’en excuser sincèrement.

Il y a évidemment le traumatisme de l’accident qui nous a causé tout un choc et qui nous hante peut-être encore aujourd’hui, chacune à notre façon. Mais tout ce qui suit cet événement est bien pire à mon avis. Chaque opération que j’ai dû subir et où tu m’as accompagné jusqu’à la limite des grosses portes vitrées de Sainte-Justine. Tu devais lâcher ma petite main frêle malgré cette boule que tu avais au ventre et laisser de côté cette envie de me rassurer alors que toi-même tu tremblais de peur. Tu n’avais plus le droit d’avancer, plus le droit de soutenir mon regard et ainsi me sécuriser. C’est fort l’amour qu’on porte envers nos enfants, plus fort que tout. Si bien que tu avais sans doute envie de traverser ces maudites portes et crier que tu étais là. « Maman ne t’abandonne pas! ». De l’autre côté, moi je me retrouvais seule parmi un tas d’inconnus. Mes yeux larmoyant d’effroi regardaient tout autour et tu n’étais plus là. Je devais faire confiance à ces gens qui allaient me faire mal. Pour le mieux certes, mais la douleur c’est épeurant et rationaliser tout ça n’est pas chose facile à faire. Toi seule savais comment calmer le stress que je pouvais ressentir, par tes paroles, ton humour et ta simple présence. Comme tu as été forte, mais quel fardeau ça dû être à la fois. On t’appelait mère supérieure mais t’aurais pu aussi t’appeler docteure. Tu savais tellement quoi faire. Tu connaissais chaque geste à poser avec ma nouvelle condition et chaque protocole médical. Certaines personnes près de toi te regardaient aller et avaient peur pour toi, pour ta santé. Mais comment aurais-tu pu faire autrement ? Personne ne veut que son enfant souffre et qu’il soit malade… encore moins qu’il soit différent. Quand ça arrive, on fait avec, on agit et on apprend. L’amour d’une maman telle que toi c’est très puissant.

Aujourd’hui je suis une maman à mon tour et j’ai saisi beaucoup de choses. Je comprends maintenant tout cet amour inexplicable, cet amour si fort qu’on prendrait le mal à leur place. On a hospitalisé mon bébé une fois car elle était molle comme de la guenille…on soupçonnait une méningite. Après une ponction lombaire, où elle hurlait sa vie et que je pleurais mon désarroi, on a finalement diagnostiqué une bronchiolite. Ce n’était pas dramatique, mais mes émotions partaient dans tous les sens et elles étaient bien réelles! Cependant, l’intensité de cette inquiétude ne sera jamais comparable à la tienne. Ça aussi je le comprends. La détresse que tu as vécue m’échappe. Y a pas beaucoup de gens qui ne peuvent comprendre toute l’angoisse psychologique que tu as dû ressentir à travers la douleur qui m’était physique et ce, tout au long du difficile parcours de ma vie. Je ne peux qu’imaginer et juste de le faire me fait monter les larmes aux yeux.

La semaine dernière mes filles ont eu la grippe. Elles se collaient contre moi car elles avaient besoin du réconfort de leur maman. Ma plus vieille m’a regardé droit dans les yeux en me disant qu’elle était si heureuse que je sois sa maman! J’n’ai pas pu m’empêcher de verser une mini larme tout en souriant. Mes deux cocottes m’ont demandé pourquoi j’étais triste. Je leur ai dit que je ne pleurais pas de peine mais de bonheur. Non mais une telle phrase qui vient de son enfant c’est émouvant… non? Je me suis surprise à leur dire également : « Léonie, Samuëlle… vous comprendrez lorsque vous aurez des enfants! »

Soleine

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  • Catherine - Je ne sais pas quoi dire…alors je pleurerépondreannulé

  • Jacqueline Tessier Cooke - En lisant ce que Soleine a si bien décrit je me souviens de chaqu’un des moments de cette épreuve. Sa maman pleurait pour sa fille et moi pour la mienne.
    Je m’inquiétait pour Soleine pour sa mère et pour sa petite soeur qui avait 13 ans à l’époque.
    Malgré tout il y a eu des moments heureux remplis d’espoir, d’amour et de projets
    J’ai compris plus que jamais à quel point c’est extraordinaire une famille qui se tient debout pour les siens.
    Nous avons appris encore d’avantage à s’aimer au jour le jour et pour toujours
    c’est vraiment inconditionnel l’amour d’une mère pour son enfant et celui d’un enfant pour sa mère

    grand-maman Jacquelinerépondreannulé

    • Soleine - Merci de ton beau commentaire! Tu as fait tout ça, élever une famille qui se tient! C’est merveilleux… 🙂 xxrépondreannulé