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J’avais peur que tu ne l’aimes pas autant

J’avais peur que tu ne l’aimes pas autant. J’avais peur que mon désir d’avoir un deuxième enfant me coûte ma famille, ton amour pour lui, et notre nous deux. J’avais peur que ton attachement ne se fasse pas, que ta crainte prenne le dessus et que les yeux de notre premier enfant résonnent plus que ses yeux à lui. J’avais peur, seule dans cette chambre, de me battre pour 2, pour 3, pour 4. J’avais peur en entendant toutes ces machines sonnées que son petit cœur lâche et que je sois encore la grande peinée de cette histoire. J’avais peur d’entendre « J’te l’avais dit que ça risquait de revenir ». J’avais peur qu’il ne soit pas l’enfant que tu voulais… J’ai passé beaucoup trop d’heures dans cette chaise à penser, à réfléchir, à revoir notre vie. J’ai passé des heures à ses côtés à espérer qu’il vive et que tu l’aimes tout autant que moi je l’aimais déjà! J’ai passé tant de jours dans cette chambre d’hôpital à prendre soin de cet enfant que tu ne connaissais presque pas. La vie avait continué et toi, tu devais t’occuper de l’enfant en santé, pendant que moi j’étais avec celui né trop tôt. J’avais peur d’être à jamais celle qui allait comblé l’amour de 2 parents en l’absence de l’autre. Assise seule dans cette chambre noire, lourde et triste, mon enfant collé directement sur ma peau, j’avais peur que l’envie de le bercer ne te prenne pas. À chacune de tes visites, j’en profitais pour capter une image de lui et toi, pour me rappeler que toi aussi tu étais là et qu’il était aussi ton enfant à toi.
Et je vous vois aujourd’hui… vous êtes une équipe extraordinaire, vous avez une magnifique complicité et tu le fais rire comme peu de gens peuvent le faire! Tu le fais travailler autrement et lui fais apprendre des choses bien différentes de celles que je lui apprends! Tu crois en lui, depuis longtemps tu crois en lui, plus que ce qu’on nous dit, plus que ce qu’ils nous disent et plus que ce qu’ils prévoient pour lui. On me dit souvent que je suis une maman extraordinaire… c’est en grande partie grâce au papa extraordinaire que tu es. Tu me pousse à le faire travailler plus fort, à lui faire découvrir son autonomie, à le faire travailler comme un grand. Tu lui donnes des techniques que les thérapeutes n’ont pas. Tu lui fais faire les plus grandes batailles de la terre et lui montre comment Hulk peut faire partie d’un petit garçon haut comme trois pommes. Tu lui fais prendre contact avec son corps qui habituellement est peu à l’écoute. Les mots paralysie cérébrale ne t’ont pas fait peur, ils t’ont motivé à te dépasser. Pour toi, chaque épreuve se montait 4 marches à la fois et tu m’as convaincu qu’ensemble, nous étions capables de tout. Je suis si heureuse de vous voir, de vous regarder évoluer et de voir cet amour que vous partagez ensemble! Tu ne m’as jamais dit que tu me l’avais bien dit et cela, je t’en remercie. Maintenant, je sais que tu l’aimes tout autant…

– Geneviève

Crédit photo: Isalaf Photo