Je suis personne » C'est notre histoire à nous, nos pensées, notre vie.

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Sur les ailes de la cigogne

Un doux mélange de nervosité et d’excitation m’envahit depuis quelques jours. La raison est assez claire et on ne se demande même pas pourquoi! Quelle maman ne le serait pas à l’idée de rencontrer pour la toute première fois, son fils. Le moment me semble irréel, et pourtant… Me voilà enfin sur les ailes de la cigogne, à plus de 10 000 mètres d’altitude quelque part entre Toronto et Séoul, à parcourir ces 12 000 kilomètres qui me mèneront jusqu’à toi. Je ne te cacherai pas que la nuit dernière, je n’avais pas sommeil. Ma tête me disait que je devais faire provision de repos puisque la journée de demain serait lonnnnngue… mais mon coeur battait à l’adrénaline en s’imaginant ce départ qui était un pas de plus vers cette première rencontre.

Tu ne nous connais pas, mais nous sommes une famille à t’aimer déjà. Depuis le jour où nous avons accepter la proposition de ton adoption, tu es aussitôt devenu notre fils et aussi un petit frère. Et nous, nous sommes devenus ta famille. Mais tout cela est encore bien abstrait. C’est cette rencontre qu’on attend depuis quasi un calendrier complet, qui viendra ajouter une grosse dose de concret à ce beau projet de vie. Pour être honnête, j’essai de ne pas trop me faire d’idées en imaginant cette première rencontre. Je sais que la réalité sera probablement bien loin du film américain. Rien ne me sers de visualiser ce moment en t’imaginant me sauter au cou et crier « Maman » à mon arrivé !!! Ce serait magnifiquement beau… Mais ça ne serait pas normal. Présentement, je ne suis encore qu’une étrangère pour toi. Si je m’écoutais, j’aurais besoin de te serrer très fort contre mon coeur en pleurant ma vie pour te dire à quel point je suis la plus heureuse des mamans de te rencontrer enfin… Mais je ne le ferai pas. Je me retiendrai de toutes mes forces, parce que ce qu’il y a de plus important pour moi présentement… c’est toi. Et la dernière chose que je souhaite, c’est te faire peur… te faire fuir. Quel bébé ne prendrait pas ses jambes à son cou en recevant le trop plein d’amour d’une inconnue croisée dans la rue…?

Du haut de tes 17 mois, toi, tu ne comprends pas encore tout ça. Je m’imagine vivre cette rencontre à travers tes yeux, et je t’assure que moi aussi j’aurais peur en voyant une famille-de-canadiens-trop motivée-aux-yeux-pas-bridés débarquer avec un dialecte dont je ne connaissais même pas l’existence avant aujourd’hui! Tu auras toutes les raisons du monde de nous craindre. Mais nous t’aimons si fort, que nous serons patients et nous prendrons le temps de te séduire. Il faudra se laisser une chance. La chance de se découvrir, de s’apprivoiser et de créer un lien qui fera en sorte que nous aurons besoin l’un de l’autre. Comme si nous étions le renard et le petit prince… une merveilleuse histoire que j’adore lire et re-lire et qu’un jour j’aimerais te raconter.

« Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… » – Extrait du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry.

Peu importe comment cette première rencontre se passera, je sais que nous nous laisserons le temps… Après tout, nous aurons toute notre vie pour se découvrir et s’apprivoiser. Pas vrai?

– Mélanie

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